Eric Coquerel : "Je ne sais pas s’il y a d’autres possibilités, dans l’urgence, qu’un reconfinement"
Le nombre de contaminations par la Covid-19, et la place des variants dans celles-ci, est en tendance haussière, ce qui pousserait le gouvernement à décréter un troisième confinement. S’il était à la place d’Emmanuel Macron, "on n'en serait pas là, parce que je n’aurais pas fait la même politique", tient à préciser Eric Coquerel, député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis. Il souligne notamment la situation de l’hôpital public dans lequel "on prévoit toujours, les Français ne le savent peut-être pas, de supprimer des lits". "L’hôpital Grand Paris Nord, dans ma circonscription à Saint-Ouen, qui remplacera l’hôpital Bichat avec 300 lits supprimés, ce qui est quand même une aberration". Pour ce qui est des annonces du président de la République à venir, "là où ils en sont aujourd’hui, vu la politique qui a été menée, je ne sais pas s’il y a d’autres possibilités, dans l’urgence, qu’un reconfinement", estime le député. "Mais une chose est certaine : on ne va pas pouvoir continuer comme ça longtemps, ce n'est plus supportable."
"Les gens en ont ras-le-bol", souligne Eric Coquerel, car "nous sommes des êtres sociaux, nous ne sommes pas faits uniquement pour partir le matin au travail, pour rentrer le soir, ne pas voir d’autres gens, ne pas avoir de relations sociales". "Ce que je ferais, c’est que j’enlèverais, la loi sur le séparatisme", qui ne le convainc pas, "et j’installerais un vrai débat dans le Parlement sur la stratégie sanitaire". "J’écouterais un peu les oppositions", précise le député, "qui pourraient peut-être avoir des idées". "Je suis pour qu’on en arrête avec les confinements dans les mois à venir." Mais comme les soignants estiment qu’il y en a "vraiment besoin" et que "le variant anglais se développe", "pourquoi pas" un reconfinement pour deux trois semaines. Toutefois, "si le gouvernement depuis des mois avait procédé autrement, on n’en serait pas là", estime Eric Coquerel.
"Vaccin ou pas, on en a au minimum pour des mois et des mois"
Le couvre-feu, pour lui, induit que les transports en commun "sont bondés à 17h45". "Maintenant, il est urgent de réfléchir parce que, vaccin ou pas, on en a au minimum pour des mois et des mois, et on ne va pas continuer comme ça." Le député de la France Insoumise propose "une organisation par rotation" ce qui signifie une organisation permettant d'éviter que tous les Français "partent au travail en même temps" comme "une organisation au niveau des heures, voire des jours de travail. Et ça, on peut le dupliquer pour toutes les activités sociales, culturelles et autres". Il propose également d’isoler : "on ne contraint pas", mais il faudrait proposer "des conditions matérielles" afin de faciliter l’isolement des malades.
"Je suis pour réquisitionner les hôtels, on défraye les hôteliers bien évidemment, on en fait des lieux médicalisés, et on propose quand quelqu’un est malade de tout de suite s’isoler." Enfin, sa dernière proposition ce sont "les masques gratuits" car "ça commence à faire très cher" et que désormais, le masque en tissu est déconseillé, alors que c’est le moins cher pour les familles.
Autre mesure que prendrait Eric Coquerel s’il était à la place du président de la République : "je fais un grand plan anti-pauvreté, notamment pour les jeunes, avec un RSA jeunes, parce que la jeunesse est vraiment très mal".
Et, de plus, "on fait un nouveau plan de relance et, cette fois-ci, on ne donne pas aux entreprises qui licencient et font des dividendes".
"Ils ont cumulé les erreurs, cumulé les mensonges, cumulé les improvisations"
Le chef de l’État devrait annoncer les mesures à venir dimanche 31 janvier 2021, ce que critique Eric Coquerel car ce n’est que "le lendemain" qu’il y aura un débat à l’Assemblée nationale. S’il y a un vote, celui-ci ne changera rien. "Et bien non, évidemment." Pour lui, cette façon de faire du gouvernement implique que "au fond, le Parlement, ils sont obligés d’y passer, mais franchement, s’ils pouvaient s’en passer ce serait pareil. Ils ont une majorité aux ordres qui leur permet de le faire". Le député ajoute : "ils ont cumulé les erreurs, cumulé les mensonges, cumulé les improvisations."
La vaccination prend du retard, alors que les laboratoires annoncent qu’ils ne pourront pas livrer autant de doses que prévu. Pour Eric Coquerel, la faute en revient au "marché". "La France avait un système de santé et de recherche qui faisait notre fierté partout dans le monde." Depuis des années, pour le député, "ils ont réussi à affaiblir considérablement le système de santé." Les gouvernements successifs ont également, selon le député, "baissé les budgets de la recherche publique" notamment sur la recherche fondamentale qui avait une branche dédiée aux coronavirus, dont le Sars-CoV-2 fait partie.
Le député critique aussi "Sanofi, le principal laboratoire français, à qui on a donné un milliard d’aides publiques, qui annonce là, 400 suppressions d’emplois, qui est passé de 11 sites de Recherche et Développement à trois, bientôt en France, et qui fait des bénéfices terribles pour les actionnaires". "Je réclame leur nationalisation, affirme-t-il. Il faut des aides au secteur public : il faut un pôle public des médicaments, un pôle public de la recherche".
"Il n'y a pas de possibilité d'union de la gauche pour 2022"
Pour les prochaines élections régionales en Île-de-France, la gauche part en ordre dispersé. L'union est-elle possible ? "Sur les régionales, on a proposé à d'autres partenaires, notamment à Europe Écologie, de faire équipe, explique Eric Coquerel. On pense eux comme nous qu'on a des grosses différences au niveau d'une campagne nationale, sur l'Europe, sur les services publics, mais régionalement, on a observé qu'on est capables de faire des choses ensemble. On leur a proposé, ils nous ont dit soit non dans la plupart des cas, soit oui mais derrière eux, ça n'est pas gérable".
"On essaie de partir avec qui on peut, explique-t-il, on ne sera pas seuls, affirme le député. En Île-de-France comme dans d'autres régions, il y a de fortes chances qu'on parte avec le Parti communiste. On va essayer de porter une voix : celle de la rupture par rapport à la situation actuelle".
Pour Eric Coquerel, "il n'y a pas de possibilité d'union de la gauche pour 2022. Je vois bien que le Parti socialiste est en train de préparer une candidature dans le droit fil de ce qu'a fait Hollande".
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