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Des couacs pour la première semaine au contact du pouvoir d'En Marche!

Par Jérémy Jeantet

Entre erreurs sur la liste des investitures et tractations politiques "vieille école" avec François Bayrou, la première semaine post-élection d'Emmanuel Macron n'a pas vraiment porté le souffle du renouveau sur la vie politique.

Richard Ferrand a annoncé jeudi 11 mai les candidats investis par En Marche! pour les législatives ©ERIC FEFERBERG - POOL - AFP

Voilà moins d'une semaine qu'Emmanuel Macron avançait vers la pyramide du Louvre, auréolé de sa victoire à l'élection présidentielle. Une scénographie où se mélangeaient messages de renouveau politique et symboles de traditions anciennes.

Pour les premiers jours qui ont suivi la victoire du candidat d'En Marche sur Marine Le Pen, c'est plutôt les traditions qui ont pris le dessus. L'épisode raté des investitures En Marche! pour les législatives et les tractations d'appareils sur le nombre de circonscriptions que certains réclament ont fait resurgir le spectre de la vieille politique que le candidat a si souvent promis de faire disparaître.

C'est l'annonce des candidats investis par En Marche! pour les législatives qui est venue noircir le tableau. Jeudi après-midi, Richard Ferrand, secrétaire général du mouvement, annonce 428 personnalités qui se présenteront sous les couleurs La République en marche! pour les élections législatives. Pas peu fier de mettre l'accent sur la parité et la part de candidats issus de la société civile, Richard Ferrand doit tout de même faire face à plusieurs questions sur l'épisode Manuel Valls qui, en briguant une investiture En Marche! qui lui a été refusée, se voit sous le coup d'une exclusion du Parti socialiste.

Face à ce dilemme, le mouvement du nouveau président de la République a choisi de ne pas trancher, ou si peu. Manuel Valls ne portera pas l'étiquette En Marche!, mais n'aura pas non plus de candidat de ce mouvement face à lui dans sa circonscription.

Mais le cas de l'ancien Premier ministre n'aura pas été celui qui aura le plus fait parler de la liste. Plaidant une erreur dans l'envoi du fichier des 428 candidats, En Marche! a tenté de désamorcer les polémiques naissantes sur des candidats annoncés investis sans le savoir, où alors qu'ils avaient refusé la proposition.

Investis sans le savoir

Ainsi, Mourad Boudjellal, le très médiatique président du RC Toulon, a immédiatement fait savoir qu'il n'était pas, contrairement à ce qu'indiquait le listing d'En Marche!, candidat pour être député dans le Var. D'autres ont suivi le mouvement. Stéphane Saint-André, député PRG sortant du Pas-de-Calais, avait refusé la proposition d'En Marche!

François Pupponi, député sortant du Val d'Oise, rappelle alors qu'il a uniquement sollicité l'investiture du PS pour les législatives et s'étonne de voir son nom apparaître parmi les "Marcheurs". Tout comme Augustin Augier dans la 9e circonscription des Français de l'étranger, Christelle Vorillion dans les Ardennes, Claire Vernet-Garnier dans la Marne, Hortense Le Pape dans le Morbihan ou encore Valérie Petit en Seine-et-Marne.

 

 

Et il y a eu le cas de Thierry Robert, député MoDem sortant de la Réunion, annoncé investi par En Marche! alors qu'il a été condamné en 2016 pour diffamation, et donc ne répond pas aux critères fixés par Emmanuel Macron lui-même. Là encore, le mouvement a plaidé l'erreur et annoncé une nouvelle liste, rectifiée de tous ces problèmes.

Arrangements politiques entre amis

Outre les accusations d'amateurisme pour une annonce qui avait déjà été repoussée à après le 2nd tour, cette liste d'investitures a également entraîné des accusations de "politique politicienne" et d'arrangements à l'ancienne, entre partis.

Car François Bayrou, qui a renoncé à se présenter à l'élection présidentielle pour soutenir Emmanuel Macron, a rapidement fait savoir qu'il contestait cette liste, ne la jugeant pas à la hauteur de l'influence du MoDem dans le résultat de l'élection. Un désaccord de chiffres, chacun prêchant pour sa paroisse et tentant de négocier quelques strapontins supplémentaires, voilà qui n'apporte pas le souffle du renouveau politique tant annoncé.

D'autant que les négociations durent et ce n'est que vendredi soir, 30 heures après la conférence de presse de Richard Ferrand et les premières réserves du MoDem, qu'un accord, "équilibré" selon François Bayrou cette fois, est trouvé entre les deux formations.

Mais il était dit que rien ne serait simple pour En Marche! avec ces investitures. L'un des noms les plus médiatiques qui a été annoncé jeudi était celui de Gaspard Gantzer, le conseiller en communication de François Hollande, investi dans la 2e circonscription de l'Ille-et-Villaine. Suscitant un tollé, tant localement que nationalement du côté de la droite. Résultat, Gaspard Gantzer a renoncé à se présenter vendredi soir et Jean-Paul Delevoye, président de la commission d'investiture d'En Marche! a indiqué que sa nomination intervenait suite à une demande de François Hollande lui-même. Là encore, le renouveau des pratiques attendra.

Christian Gérin a également vu son investiture LREM retirée en Charente-Maritime, à cause de tweets antisionistes repérés et signalés par le Crif et la Licra. Le Crif attend maintenant la même sentence pour William Tchamaha, investi en Seine-Maritime et qui a appelé "au boycott des produits d'Israël et à l'embargo économique".

428 noms au départ, 214 hommes et 214 femmes. Richard Ferrand pouvait se targuer d'avoir respecté la parité. Pour ce qui est du renouvellement, il a avancé le chiffre de 5 % seulement de parlementaires sortants investis par En Marche! Certes, mais c'est passer un peu vite sur le profil de certains autres candidats. Cinq d'entre eux, comptabilisés parmi le contingent "société civile", sont en fait d'anciens conseillers ministériels, comme l'indique Le Lab d'Europe 1.

Rien n'a été simple, en cette fin de semaine, pour En Marche! Ce dimanche, Emmanuel Macron s'entretiendra avec François Hollande lors de la passation de pouvoir. Ce dernier pourrait peut-être le conseiller sur la façon d'éviter ces couacs qui ont tant perturbé son début de mandat.

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