Dimanche soir, au premier tour des élections législatives, l’abstention a battu des records dans la deuxième ville de France. Dans la 7e circonscription marseillaise, 67 % des électeurs ont décidé de ne pas aller voter. Un record sur ce territoire qui regroupent à la fois les cités les plus difficiles et de paisibles noyaux villageois. Pourtant, à l’élection présidentielle, ces quartiers nord avaient plébiscité Jean-Luc Mélenchon. Mais cette fois-ci, ils ont massivement boudé les urnes et la participation a été divisée par deux. "Je ne me retrouve dans un aucun des candidats. Si je vais voter, c’est pour voter blanc, donc je préfère garder mon dimanche en famille et profiter du soleil", confie une habitante du quartier. Même son de cloche chez cet électeur qui a préféré aller à la plage, "sûr que le candidat d’Emmanuel Macron arriverait en tête". Effectivement, La République en Marche s’est qualifiée pour le deuxième tour derrière le Front National. Dans ce bastion de gauche où le PS est aux manettes depuis des années, c’est un coup de tonnerre puisque le député sortant socialiste Henri Jibrayel a été éliminé.
Dans le quartier populaire de l’Estaque, où beaucoup de retraités profitent des terrasses, le même mot revient en boucle. Tous se disent dégoûtes par la politique. "Les gens sont dégoûtés par la politique menée par la droite comme par la gauche. Il y a six millions de chômeurs, des salaires de m****, on se fait avoir", s’agace l’un d’entre eux. "Les gens maintenant en ont marre de ce qui se passe. Ils ont eu beaucoup de promesses jamais tenues. Ils ont préféré aller se rafraîchir que d’aller voter. Les jeunes qui arrivent ne sont pas concernés", dit un autre.
Pas sûr qu’Emmanuel Macron arrive à changer ce sentiment. La preuve : dans les deux circonscriptions des quartiers nord que sont la 3e et la 7e circonscription, le Front national est arrivé en tête mais il est talonné par les candidats de la République en Marche qui ont des vraies chances de l’emporter. "Les anciens, basta ! C’est toujours les mêmes histoires, les mêmes rengaines, les mêmes mensonges. Ils ne se sont jamais occupés de nous, ni la droite, ni la gauche, surtout dans les cités Nord", assure un ancien électeur socialiste. "Les dealers, il faut leur donner du boulot. Le problème, il est là. Il ne faut pas nous envoyer les flics pour surveiller les dealers. On n’a jamais vu personne venir avec des CDD et CDI. Je pense qu’à ce niveau-là, ça va changer", poursuit-il.