Ce dimanche aura lieu à l’Élysée la traditionnelle passation de pouvoir entre les deux présidents de la République, le sortant et l’élu. Un moment fort de la tradition républicaine française que connaît très bien Peer de Jong. Ancien aide de camp de François Mitterrand et de Jacques Chirac et auteur de Vous n'oublierez rien colonel, les coulisses de l'Élysée (éditions Taillandier), ce dernier était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce vendredi pour évoquer cette journée particulière.
"Une passation de pouvoir, c’est la rencontre d’un homme avec le peuple mais aussi avec un endroit, un lieu convoité. Ce n’est qu’un homme qui arrive aux affaires. Et tout d’un coup, il est confronté à toute la geste républicaine. Cela commence par un entretien privé dans le bureau du chef de l’État : ils discutent tranquillement pour "se passer les secrets", qui vont de l’élevage de canards que François Mitterrand avait mis au fond du parc jusqu’aux secrets nucléaires. Le président Chirac avait même informé le président Mitterrand au moment de la passation qu’il allait reprendre les essais nucléaires...", a-t-il expliqué.
Entretien privé, Légion d’honneur, Champs-Élysées...
Si le grand public retient surtout la traditionnelle poignée de mains sur le perron de l’Élysée, c’est toute la journée de dimanche qui sera rythmée par un protocole réglé comme du papier à musique. "Le Président est fait grand maître de l’ordre de la Légion d’honneur. Il descend au rez-de-chaussée et reçoit l’attribut de commandement. C’est presque un sceptre, le nom du chef de l’État est marqué sur les maillons du collier qui lui est présenté, lui qui est entouré des corps constitués. Après, il monte dans son bureau, mais il y a aussi la logistique. Quand il est en bas et qu’il reçoit le collier de grand maître de la Légion d’honneur, ça permet aux secrétaires du prédécesseur de faire leurs cartons et de partir. Il ne faut pas oublier que quand le président sortant arrive à son bureau le matin à 8h, il est chef de l’État à 100% : ses secrétaires sont là, il peut faire des réunions s’il a envie, etc. Il y a donc deux mondes qui se côtoient, et tout cela disparaît en deux ou trois heures. Cela se termine par la remontée des Champs-Élysées, qui va se dérouler en début d’après-midi j’imagine. Là, le peuple de France honore son roi qui va se mettre debout dans la voiture pour se diriger vers l’Arc de Triomphe où il ravivera la flamme", annonce Peer de Jong.
"Un chef d'état c'est un fauve"
Peer de Jong, ex aide de camp de F.Mitterrand & J.Chirac, #passationdepouvoir #macron#GdMatinSudRadio pic.twitter.com/70sQEhFkht— Sud Radio (@sudradio) 12 mai 2017
"Vous êtes un phare invisible : tout le monde vous voit mais personne ne vous voit"
Aide de camp du président de la République, voilà une fonction que bien peu de gens connaissent. Et pour cause, la discrétion est de mise. "C’est un non-métier, il n’y a pas d’écoles qui forment à cela. Vous êtes proche du chef de l’État et vous réglez ses problèmes. Vous gérez par exemple tout ce qui est commandes d’avions, d’hélicoptères, tout ce qui concerne le nucléaire, la relation aux armées, les cérémonies militaires… Vous l’accompagnez, quand il vous appelle le soir parce qu’il a mal au ventre, il n’y a que vous… Vous êtes un phare invisible : tout le monde vous voit parce que vous êtes en tenue, mais en fait personne ne vous voit jamais", explique celui qui a été aux côtés de François Mitterrand et Jacques Chirac pendant des années.
Si Peer de Jong avait un conseil à donner au futur aide de camp d’Emmanuel Macron, quel serait-il ? "Un chef d’État, c’est un fauve. Un fauve intellectuel, un fauve physique, un personnage totalement surdimensionné, qu’il est extrêmement difficile d’aborder. Je lui conseillerais donc de le regarder évoluer, de voir ses points forts et ses points faibles, de mieux le comprendre avant de l’approcher. Dans nos vies, on s’approche parfois trop près des gens, et ça frise le fayotage", conseille-t-il.
Retrouvez ici l’interview complète de Peer de Jong dans le Grand Matin Sud Radio.