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Chevènement : "Depuis César et Brutus, la violence est consubstantielle à la politique"

Par Benjamin Jeanjean

L’ancien ministre de l’Intérieur était l’invité ce jeudi de Territoires d'Infos, la matinale de Sud Radio et Public Sénat présentée par Cyril Viguier, avec la presse quotidienne régionale. Selon lui, le départ de François Bayrou illustre un contexte politico-médiatique dangereux.

"Depuis César et Brutus, on en a vu beaucoup". Sur le plateau de Territoires d'Infos, la matinale de Sud Radio et Public Sénat présentée par Cyril Viguier avec la presse quotidienne régionale, l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement est revenu sur la soudaineté du départ de François Bayrou du gouvernement. "Cette violence est consubstantielle à la politique. Mais il y a en effet une tendance à voir s’exprimer un soupçon permanent à travers une sorte de machine politico-médiatico-judicaire qui fait qu’aujourd’hui, un homme politique est contraint à la démission dès qu’une enquête préliminaire est ouverte... C’est trop facile de clouer au pilori des hommes politiques. Entre le sycophante, le professionnel de la délation, et le journaliste intègre soucieux de chercher la vérité, quelle est la différence ?", s’interroge-t-il.

Celui qui fut ministre de l’Intérieur de 1997 à 2000 sous le gouvernement Jospin s’est également prononcé en faveur de la loi antiterroriste en préparation, qui devrait faire entrer plusieurs dispositions de l’état d’urgence dans le droit commun. "Il ne faut pas être dans la culture du déni. Nous faisons face à des épreuves qui peuvent durer longtemps. Il est bon de faire passer dans la loi des dispositions utiles pour faire reculer le terrorisme jihadiste malheureusement installé pour assez longtemps. (...) Le général américain Petraeus dit que nous sommes en face d’une guerre perpétuelle. J’espère que non", indique-t-il.

"Faire émerger un islam de France civilisé et éclairé"

Aujourd’hui président de la Fondation des œuvres de l’islam de France, Jean-Pierre Chevènement assure que l’islam de France est "en construction". "Il faut faire émerger un islam civilisé, éclairé, qui doit faire le pari de la formation des imams. Les moyens se mettent progressivement en place, il faut aller de l’avant", assure-t-il, regrettant par ailleurs que "certains courants – notamment les salafistes – affichent une signalétique vestimentaire et capillaire ou des mœurs qui ne sont pas en phase avec la société française".

Ministre de la Défense de 1988 à 1991, Jean-Pierre Chevènement a également livré son point de vue sur la guerre actuelle en Syrie, se disant favorable à l’orientation donnée récemment par Emmanuel Macron. "Sur la Syrie, il prône une solution inclusive de laquelle personne ne doit être exclu, dont les représentants de Bachar el-Assad. La realpolitik n’est pas un piège, c’est l’angélisme qui en est un. Notre politique en Syrie avait conduit à notre cornérisation, même les États-Unis ne nous suivaient pas. Cette guerre a trop longtemps duré, il faut définir les bases d’un règlement", assure-t-il.

"La Corse, résultat de la démission de tous les gouvernements depuis 30 ans"

Alors que l’élection d’Emmanuel Macron a bouleversé le paysage politique français, l’ancien député et sénateur n’est pas surpris par la nouvelle donne actuelle. "Nous sommes à la fin d’une période qui a commencé il y a près de 50 ans au congrès d’Épinay en 1971 pour le PS et en 1976 pour le RPR. La présidentialisation des partis a abouti à quelques dont les Français ne voulaient plus : l’effet essuie-glace", analyse-t-il.

Partisan d’une ligne de fermeté vis-à-vis des nationalistes corses lors de son passage à l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement a également manifesté son inquiétude suite à l’élection de trois députés de cette tendance dimanche dernier. "C’est le résultat de la démission de tous les gouvernements de droite et de gauche depuis 30 ans et de l’affaissement des structures locales. Je pense à M. Giacobbi au nord et M. de Rocca-Serra au sud. La Corse doit inventer un système moderne de représentation et ne pas remette son sort dans les mains de gens que je persiste à considérer comme dangereux", conclut-il.


Invité : Jean-Pierre Chevènement - Territoires... par publicsenat

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