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Boris Vallaud (PS) : rejoindre le gouvernement "n’est absolument pas notre intention"

Boris Vallaud était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 29 juin 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Boris Vallaud interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 29 juin 2020 à 7h40.

Lors du deuxième tour des élections municipales 2020, il y a eu ce qui a été appelé une vague verte : le parti Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) apparaît comme le grand gagnant de ces élections. Le Parti socialiste, avec et sans alliance avec les écologistes, a également remporté de nombreuses victoires. Boris Vallaud, député PS des Landes et porte-parole du PS, se félicite et remercie : "merci aux électeurs et électrices d’avoir fait le choix de ce bloc social écologique dans de très nombreuses villes".

 

Le taux d’abstention doit "tous nous préoccuper"

L’alliance avec les écologistes a toutefois été une des raisons du succès : "la démonstration qui est faite c’est que l’union à gauche, l’union avec les écologistes, ça permet de battre la droite et LREM unies", analyse le député des Landes. "C’est une leçon."

Les résultats du vote sont toutefois à mettre en perspective. Boris Vallaud, député PS, rappelle que "hier, il y a eu une abstention qui est très forte et qui doit tous nous préoccuper". Le taux d’abstention a été en effet un record : 60% environ.

Si la pandémie peut avoir joué en défaveur de la mobilisation, le porte-parole du PS ne nie pas qu’il "y a quand même, de la part de beaucoup de Françaises et de Français, le sentiment que voter ne sert à rien, et même pour les élections municipales". Au point que certains électeurs ne semblaient pas au courant que dimanche 28 juin 2020 se déroulait le deuxième tour. "C’est en effet très préoccupant."

"Prendre en compte le vote blanc, pourquoi pas"

Pour lui, dans le monde d’après, "il y a évidemment une question sur ce que doit être la vie démocratique, ce que doit être le fonctionnement de nos institutions, la place des citoyens, la place du Parlement". Toutefois, Boris Vallaud n’est pas favorable au "vote obligatoire", qui résoudrait la question de l’abstention, car "l’abstention a un sens politique" qui permet de mesurer "une forme de défiance et de désintérêt". "Prendre en compte le vote blanc, en revanche, pourquoi pas."

Il souligne un changement majeur dans le panorama politique français : il y a "beaucoup de villes, de grandes métropoles, avec des femmes qui sont maires". Si certaines villes, dont Lille ou encore Paris, sont dirigées par des femmes depuis des années, l’élu pointe du doigt le succès à Marseille ou celui de Strasbourg. "Il y a un vote de mécontentement qui s’est exprimé, et un vote d’espérance. Et ces deux votes ont convergé sur ce nouveau visage d’une gauche unie."

"C’est un désaveu cinglant et assez inédit pour un parti présidentiel"

D’une manière générale, le parti qui a subi la plus grosse défaite est celui d’Emmanuel Macron : de ses ministres et anciens ministres, seul Édouard Philippe est sorti vainqueur de ce deuxième tour. Boris Vallaud n’est pas étonné : "le gouvernement est récompensé pour son action". "Les Français ne sont pas contents de ce gouvernement, ils ne sont pas contents du président de la République."

Malgré une tentative de minimisation de la part des porte-paroles du gouvernement, pour le député PS "c’est un désaveu cinglant et assez inédit pour un parti présidentiel". Ce désaveu s’inscrit dans "la continuation des déconvenues que les Français constatent". Et si LREM a malgré tout remporté la mairie du Havre, où Édouard Philippe a été réélu confortablement, "le Premier ministre au Havre, c’est l’arbre qui cache la forêt, mais derrière c’est le grand vide".

"Ce n’est absolument pas notre intention" que de rejoindre le gouvernement

Déjà fortement attendu avant le deuxième tour des municipales, un remaniement du gouvernement semble désormais inéluctable. Quant à savoir si Emmanuel Macron doit intégrer, dans le futur gouvernement, des politiques de la gauche, Boris Vallaud ne semble pas convaincu. "Les forces de gauche n’ont pas voté pour le président de la République, elles n’ont pas beaucoup de raisons de se retrouver avec sa présidence, ses orientations politiques".

Le député des Landes rappelle que c’est lundi 29 juin 2020 qu’Emmanuel Macron reçoit la Convention citoyenne sur le climat "dont les conclusions ont été tout à fait intéressantes", voire "absolument nécessaires au rendez-vous climatique". Or, selon lui, certaines propositions "à peu près à l’identique" avaient été proposées par la gauche à l’Assemblée nationale fin 2019. "La majorité et le gouvernement les avaient écartées", souligne-t-il.

Si Emmanuel Macron demandait à des forces politiques de gauche de le rejoindre, il risque de se voir opposer une fin de non-recevoir. "Je vous dis que ce n’est absolument pas notre intention". "Nous avions, durant la campagne présidentielle, la promesse d’un nouveau monde : nous ne l’avons pas eu", explique le porte-parole du Parti socialiste qui critique également les divers "actes" du mandat d’Emmanuel Macron. "On peut changer l’orchestre, si le chef d’orchestre reste le même, la musique reste la même."

"L’union de la gauche et des écologistes, ça fait de la victoire"

Le Parti socialiste fait face à un problème : sur le terrain il semble être en position de force tandis qu’au niveau national ce n’est pas le cas. "Depuis plusieurs mois, nous disons que la renaissance viendra aussi des territoires, qui sont en première ligne", estime Boris Vallaud. "C’est la politique sociale du quotidien, l’écologie du quotidien."

"Depuis des mois aussi, nous travaillons au niveau national : nous avons des initiatives qui sont communes, des lieux où on se rencontre, des propositions que nous partageons." Il estime que le PS doit "tirer des leçons de ce qu’il s’est passé au plan local : l’union de la gauche et des écologistes, ça fait de la victoire et ça fait de l’espérance".

Boris Vallaud confirme donc que le PS et les écologistes vont devoir travailler ensemble, ainsi qu’avec "tous ceux qui sont prêts à discuter les uns avec les autres". "Dans beaucoup d’endroits, ça a été possible", analyse le député des Landes, soit dès le premier tour soit durant l’entre-deux tours. Toutefois, il ne se prononce pas concernant Yannick Jadot, candidat EELV à la présidentielle de 2017, en tant que candidat de la gauche unie. "Réduire les choses à des noms, je pense que ce serait, à ce stade, au fond, une forme d’impasse."

"Le parti socialiste a gagné de nombreuses villes"

La dynamique entre le Parti socialiste et EELV paraît désormais mettre les verts au-dessus des socialistes. Une analyse que réfute Boris Vallaud : "le parti socialiste a gagné de nombreuses villes, il y a de nombreuses conquêtes".

"Dans une cinquantaine de villes de plus de 30.000, c’est un socialiste qui deviendra maire avec des écologistes dans son équipe, dans une dizaine de villes ce sera l’inverse". "Nous nous réjouissons, car moi je crois que toutes ces victoires sont les nôtres, celles de ce nouveau bloc écologique et social", se félicite le député.

"Je suis content pour Martine Aubry"

Boris Vallaud refuse de dire si Anne Hidalgo, réélue à la mairie de Paris, est la tête de pont du PS. "Il y en a beaucoup d’autres". "Il y a quelque chose qui, sur ce terreau, doit germer", estime-t-il en parlant des nombreuses victoires aux municipales.

Parmi les candidats PS, Martine Aubry, maire de Lille, a été réélue à une poignée de vote, 227 très exactement. Un deuxième tour particulièrement tendu, donc : "je dois vous dire que c’était un peu les montagnes russes, hier". Martine Aubry a en effet été donnée perdante avant de gagner : "je suis content pour Martine Aubry".

"Beaucoup de Français n’ont pas envie de confier leur destin au Rassemblement national"

Un autre parti qui paraît avoir perdu lors du deuxième tour des municipales, c’est le Rassemblement national. S’il a remporté la mairie de Perpignan, il divise le nombre de ses conseillers municipaux par deux à l’issue de ces élections. "Beaucoup de Français n’ont pas envie de confier leur destin au Rassemblement national dans leur vie quotidienne, dans tout ce qu’ils voient des politiques municipales, dans les écoles, à la cantine, dans l’accès au sport, la culture, dans l’action sociale, dans l’urbanisme, dans l’environnement", estime le porte-parole du PS. "Ils font confiance à d’autres qu’à ceux-là qui, parfois, dans d’autres élections sont les porte-voix du mécontentement, là ils avaient envie de construire l’avenir."

"Il faut de toute façon penser un projet pour l’ensemble des Français"

Il a pu apparaître que le premier tour était celui des élections de campagne, où de nombreux maires ont été élus ou réélus à l’issue du scrutin, et que le deuxième était plutôt celui des villes où les ballottages sont généralement plus nombreux. Pour Boris Vallaud, qui prend en exemple son département, les Landes, ce n’est pas le cas : "la France des campagnes, les Landaises et les Landais, sont allés voter".

"Il faut de toute façon penser un projet pour l’ensemble des Français, il ne peut pas y avoir d’un côté la France des villes et la France des campagnes", juge le député des Landes. "Il faut qu’il y ait la France de la solidarité, il faut qu’il y ait la France de l’écologie, il faut une France qui construise un avenir désirable."

Socialistes et écologistes vont travailler ensemble

Ce projet, le PS compte le construire avec les écologistes, ce qui ne devrait pas poser de problèmes puisque Boris Vallaud est convaincu que les écologistes sont enclins à discuter avec le PS : "oui, je le crois. D’ailleurs, il y a quelque temps, Julien Bayou a proposé des initiatives communes avec les socialistes et avec d’autres partis de gauche".

"Nous travaillons ensemble", confie le député des Landes qui rappelle que "dans les jours qui viennent il y a des Conseils municipaux qui partout vont s’installer avec des projets de territoires". "Là aussi, ce sont des sources d’inspirations", juge Boris Vallaud, "et puis, tout ça, ça fait des briques qui construisent la maison commune".

Convention citoyenne sur le climat : "le référendum, pourquoi pas ?"

La rencontre entre Emmanuel Macron et les membres de la CCC a lieu le 29 juin 2020. Pour adopter les mesures, en tout cas certaines, la question d’un référendum populaire est régulièrement évoquée : "le référendum, pourquoi pas ?". Pour Boris Vallaud cela répond à une demande des citoyens eux-mêmes, comme sur "la question de crime d’écocide".

"Il y a beaucoup de propositions qui reviendront au Parlement", souligne le député, comme celle de "l’élimination des passoires énergétiques en dix ans". Un problème qui touche beaucoup les ménages défavorisés "pour qui le chauffage occupe une place exorbitante dans leur budget". "Nous avons formulé des propositions avec une prime climat" pour combler ces passoires thermiques, un projet nécessaire "sinon on va rater la cible de 2050" concernant la réduction des émissions de la France.

 

 

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