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Aurélien Pradié : "Le gouvernement fait de la comm' sur les violences conjugales"

Aurélien Pradié était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 9 juin 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Aurélien Pradié interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 9 juin 2020 à 7h40.

Christophe Castaner a annoncé le 8 juin 2020 une tolérance zéro en cas de racisme dans les forces de police et de gendarmerie et que la suspension sera systématiquement envisagée en cas de "soupçon avéré" de racisme. Pour Aurélien Pradié, député LR du Lot et secrétaire général des Républicains, c’est une annonce qui paraît logique : "lorsqu’il s’agit de sanctionner un dérapage dans la police, il faut être de la plus grande fermeté". "C’est une règle qui s’applique depuis le départ", explique-t-il précisant qu’il "n’imagine pas" qu’en cas de "faute grave" aucune décision n’était prise.

 

"Comme à chaque fois que Christophe Castaner s’exprime, on ne comprend pas grand-chose"

Toutefois, comme l’ont souligné les réseaux sociaux et les policiers eux-mêmes, la question de la notion de "soupçon avéré" pose problème. "Comme à chaque fois que Christophe Castaner s’exprime, on ne comprend pas grand-chose." D’un côté, précise le député LR, le ministre de l’Intérieur a dit que la sanction tomberait en cas de "soupçons", mais ses propos ont été contredits par son secrétaire d’État, M. Nunez, qui a déclaré de son côté que "ce n’était pas lorsqu’il y avait une suspicion, mais lorsque c’était avéré".

Pour Aurélien Pradié, c’est simple : Christophe Castaner "surréagit à des situations, à des polémiques, à un débat politique". Une manière de réagir qui ne correspond pas à son poste : "son boulot de ministre de l’Intérieur, c’est d’avoir une colonne vertébrale, du sang-froid et évidemment de sanctionner tout dérapage".

"Je refuse de dire que l’ensemble de la police, l’ensemble de la gendarmerie de notre pays seraient racistes et violents"

"Je refuse de dire que l’ensemble de la police, l’ensemble de la gendarmerie de notre pays seraient racistes et violents." "Ce n’est pas la vérité", juge le secrétaire général du parti Les Républicains. "S’il y a des individus qui se comportent mal, qui ne sont pas à la hauteur de cette mission essentielle qui est celle de protéger les Français il faut des sanctions." "C’est une évidence."

"Vivre en sécurité dans notre pays, c’est presque devenu un luxe"

Les manifestations se multiplient en France et dans le monde après la mort de George Floyd aux États-Unis. "Je suis très inquiet du niveau de fracturation de notre pays", confie l’élu. Une fracturation "sociale" entre les riches et les pauvres. "On voit une véritable insécurité pour ceux qui ont les revenus les plus modestes", estime le député du Lot qui juge que "vivre en sécurité dans notre pays c’est presque devenu un luxe".

"Il faut arrêter de nous bassiner avec de vieilles lunes"

Toutefois, Aurélien Pradié estime qu’il "faut arrêter de nous bassiner avec de vieilles lunes" et notamment la décolonisation. "On ne peut pas considérer que les dérapages qui existent aujourd’hui dans le pays sont liés à la décolonisation." Pour le député, "le sujet est ailleurs". Il y a, par exemple, "une forme de racisme social", estime-t-il en reprenant les termes de Rachida Dati. "La jeune génération a besoin de refaire sens avec la nation : qu’est-ce qui fait qu’on vit ensemble ?" Le défi, pour lui, c’est comprendre et faire comprendre "qu’est-ce que représente encore la République dans notre pays ?"

"Mon seul camp, c’est la République"

Aurélien Pradié juge "insupportable" de devoir "choisir un camp" dans le débat sur les violences policières. "Il faudrait ou bien être du côté des policiers et des gendarmes, ou bien du côté des citoyens". Un choix qu’il "refuse" : "mon seul camp, c’est la République".

"Arrêtons de comparer ce qui n’est pas comparable"

Le député, qui déclare être "très attaché aux symboles", refuse toutefois de poser un genou à terre pour rendre hommage à George Floyd, comme de nombreux manifestants et policiers l’ont fait, reprenant l’action marquante du joueur de NFL Colin Kaepernick en 2016. Une position forte qu’il justifie par le fait qu’il est "député français" et non "député américain". Pour lui, il n’y a pas "de comparaison possible entre la situation détestable que nous avons constatée aux États-Unis et ce qu’il se passe en France". Ni, d’ailleurs, "entre les États-Unis et la France" ou entre "la police américaine et la police française". "Arrêtons de comparer ce qui n’est pas comparable."

"La ministre de la Justice n’est pas garante des décisions de la justice"

Nicole Belloubet, garde des Sceaux, a invité la famille d’Adama Traoré, qui a refusé. Une invitation "pour quoi faire ?", se demande le député. "La ministre de la Justice n’est pas garante des décisions de la justice." "Il y a une séparation des pouvoirs dans notre pays", rappelle l’élu du Lot.

Une invitation qui, de plus, ne fait pas sens aujourd’hui, quatre ans après les faits. Pour lui, "on a des membres du gouvernement qui surréagissent au débat", car "ils n’ont aucune colonne vertébrale, ils n’ont aucun sang-froid". En parlant de Christophe Castaner et Nicole Belloubet, Aurélien Pradié juge que "si ces deux ministres étaient à la hauteur de leurs fonctions, on le saurait déjà depuis longtemps".

"Personne ne peut supporter qu’un citoyen perde la vie dans une intervention"

Parmi les annonces faites par le ministre de l’Intérieur concernant la police, il y a l’interdiction d’utiliser la technique de l’étranglement, annonce critiquée par les syndicats de police qui la jugent nécessaire dans certaines situations. Aurélien Pradié ne prend pas position, jugeant ne pas être un expert. "Je ne veux pas commenter ce que je ne connais pas."

Toutefois, au sujet de cette technique controversée il concède que "s’il y a un danger, y compris pour protéger les policiers, il faut éviter ce type de prises qui peuvent mettre en danger les uns et les autres". "Personne ne peut supporter qu’un citoyen perde la vie dans une intervention."

"Je considère qu’il faut aller au bout du déconfinement"

Le président du Conseil scientifique a demandé que le déconfinement soit accéléré en France. Le député du Lot ironise : "il est formidable ce président du Conseil scientifique : après nous avoir expliqué qu’il fallait confiner, il nous explique qu’il faut accélérer le déconfinement". "Je considère qu’il faut aller au bout du déconfinement."

"Il faut que les Français retrouvent une vie la plus normale possible, avec des gestes barrière" mais, estime-t-il, "on ne peut pas être continuellement dans un entre-deux". "Il y a un temps pour les discussions politiques et un temps pour l’application."

"Ce gouvernement et le président de la République ont menti durant toute la crise"

"Je pense que cette crise a été mal gérée par le gouvernement", et ce quoiqu’en dise le New York Times qui a écrit un article saluant, au contraire, les actions d’Emmanuel Macron. "C’est extraordinaire que le New York Times rende hommage à Emmanuel Macron", ironise-t-il à nouveau. "Je me demande ce que les Français en pensent."

Pour Aurélien Pradié, "ce gouvernement et le président de la République ont menti durant toute la crise", ce qui lui fait dire qu’il n’y a plus "aucune confiance aujourd’hui". "Je ne suis pas sûr qu’ils aient bien géré la situation."

"Ce gouvernement est en train de défaire les ordonnances de protection"

La loi sur les violences conjugales sera discutée ce 9 juin 2020 au Sénat, une loi critiquée par les spécialistes. Aurélien Pradié a, lui aussi, porté une proposition de loi "qui a été adoptée à l’unanimité" en octobre 2019 "qui permettait notamment de généraliser le bracelet anti-rapprochement et d’accélérer les ordonnances de protection", dispositif qui "permet de protéger les femmes très rapidement".

La loi en question permettait d’obtenir une de ces ordonnances en "six jours" contre un mois actuellement. Or, la garde des Sceaux a pris un décret "le 27 mai dernier pour indiquer que désormais ce serait à la victime elle-même de convoquer le bourreau, l’auteur des violences, devant le tribunal et de payer l’huissier, en 24 heures. Et si la victime ne le fait pas en 24 heures, ce qui est intenable, toute la procédure sera annulée".

"Il y a une honte absolue", estime le député. "Ce gouvernement est en train de défaire les ordonnances de protection." "Il y a un recul considérable."

"Ils font de la comm sur la question des violences conjugales"

Pour lui, "ce gouvernement, Marlène Schiappa qui passe son temps à bavasser sur les plateaux de télévision, dit blanc et fait noir". "La vérité, c’est qu’ils font de la comm sur la question des violences conjugales."

"Lorsqu’on est ministre de la Justice ou secrétaire d’État en protection des femmes, on doit agir", estime le secrétaire général du parti Les Républicains. "Je trouve formidable qu’on ait trouvé des outils de détection dans les supermarchés, dans les pharmacies pour que les femmes se signalent." Mais, précise-t-il, "si derrière les femmes ne sont pas protégées, ça ne sert à rien".

Si François Barouin est candidat en 2022, "je le soutiendrai de toutes mes forces"

François Barouin a déclaré qu’il pourrait être candidat à l’élection présidentielle de 2022, sans pour autant faire d’annonce officielle. Pour autant, certains l’ont trouvé en retrait durant la crise malgré sa fonction de président des Maires de France. Un retrait qu’Aurélien Pradié justifie simplement : "il a la stature d’un homme d’État". "S’il est candidat, je le soutiendrai de toutes mes forces."

Pour le député, François Barouin a montré "toute sa sérénité", notamment par l’absence de polémique, et a su "être à la hauteur des enjeux". "C’est ce qu’on peut attendre d’un candidat à l’élection présidentielle."

François Barouin "n’était pas nulle part", estime le député du Lot, "il était président de l’Association des Maires de France", "il était maire de Troyes". "Le rôle d’un responsable politique, quand il peut prétendre à l’élection présidentielle, ce n’est pas de bavarder, c’est de parler au bon moment, et je lui fais confiance pour parler au bon moment."

 

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