Alexis Corbière : "Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, fait du Sarkozy à un point caricatural"
Le gouvernement a annoncé un séminaire sur la sécurité, organisé en urgence. Alexis Corbière estime que "c’est un thème important" car "c’est une liberté fondamentale". Toutefois, il juge que "ce thème est agité en permanence" lorsque la population rejette le gouvernement. "Je ne minimise pas le problème, explique l’élu de Seine-Saint-Denis. Il peut y avoir ici ou là un regroupement de personnes qui cassent les pieds à beaucoup de gens, un sentiment que les forces de l'ordre n'arrivent pas bien à travailler". Mais il considère qu’il y a des problèmes "sur toute la chaîne".
Selon le député, il faut faire attention "avec quels outils on discute. Il y a certains chiffres actuellement qui ne montrent pas non plus une explosion de la délinquance, affirme-t-il. Ça ne veut pas dire qu'il ne se passe rien, mais attention à ce qu'il n'y ait pas des thèmes politico-médiatiques qui soient montés, qui font qu'au bout d'un moment, le débat est saturé par un sujet.
Notamment, il estime que Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, fait du "Sarkozy à un point caricatural, avec les mêmes mots et les mêmes thèmes".
"Ce pays, qui a la passion de l’égalité, est inquiet notamment sur des questions sociales"
Pour Alexis Corbière, "une autre forme de violence va arriver en France, la violence sociale : 800.000 chômeurs, je pense notamment à ces jeunes qui vont arriver sur le marché du travail". "Je pense que ce pays, qui a la passion de l’égalité, est inquiet notamment sur des questions sociales. Un million de personnes supplémentaires sont passées sous le seuil de pauvreté depuis 2017, explique-t-il. C'est une violence !
La lutte contre le trafic de drogue est importante, estime Alexis Corbière, et "il faut mettre le paquet". Pour autant, il pourrait y avoir d’autres moyens de lutte contre ces trafics : "je suis favorable à la dépénalisation du cannabis", a-t-il déclaré. "Plutôt qu’avoir des politiques de répression absurdes, il faudrait mettre le paquet sur d’autres trafics de drogues beaucoup plus dangereux". Les amendes pour les consommateurs, généralisées en septembre 2020, "ça ne réglera rien".
"Il n’y a pas assez de moyens pour vérifier ce qu’il se passe chez les familles ou les écoles hors contrats"
Emmanuel Macron a tenu un discours, lors des 150 ans de la IIIe République, au Panthéon où il a promis une loi contre le séparatisme. Alexis Corbière rappelle toutefois que la République est "née le 21 septembre 1792 lors de la Révolution française" et non il y a 150 ans après "l’effondrement du Second Empire". Concernant le "séparatisme", le député s'interroge : "de quoi parlons-nous ?" estimant que "c’est le genre de petit mot que d’un coup on ne sait plus très bien".
Concernant le séparatisme islamique, Alexis Corbière estime qu'il y a "une poignée de gens, des exaltés religieux, qui sont dans des pratiques sectaires : "la loi permet d’intervenir contre ces gens-là", rappelle le député. Pour autant, "il n’y a pas assez de moyens", par exemple pour vérifier ce qu’il se passe chez les familles ou les écoles hors contrats.
"Le phénomène majeur des derniers rendez-vous électoraux, c’est 60-70% des gens qui n’ont pas voté"
La gauche, comme la droite, se préparent à la prochaine élection présidentielle de 2022. Jean-Luc Mélenchon peut-il être le candidat unique de la gauche ? Alexis Corbière rappelle que "jamais la gauche n’a eu de candidat unique. Si on y arrive un jour, pourquoi pas." Néanmoins, "la gauche a toujours été divisée, elle ne l'est pas plus aujourd'hui qu'auparavant. Ce qu’il faut construire, c’est une majorité de convictions autour de certaines valeurs, estime le député, comme le partage des richesses ou encore qu’il faut en finir avec la Ve République".
Il juge qu’il faut surtout mobiliser les milieux populaires qui sont ceux "qui ne viennent plus voter. Je vois bien ce dégoût, cette forme de grève civique. Selon lui, c'est la question majeure. Le phénomène majeur des derniers rendez-vous électoraux, c’est 60-70% des gens qui n’ont pas voté. Sociologiquement c'est net : ce sont les milieux populaires qui ne viennent plus voter. Il faut les convaincre que le fait d'aller voter peut changer les choses. Ce que nous on porte, avec l'idée d'une VIè République, c'est que le peuple décide de nouvelles institutions. Le fait que le citoyen reste un acteur entre deux rendez-vous électoraux. Il faut arrêter le tout présidentialisme, estime l’élu LFI, qui juge qu'il y a des gens de plus en plus riches qui vivent différemment de nous, avec leurs propres écoles, leurs propres cliniques privées, leurs propres lieux de vacances et qui se séparent du peuple".
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