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Affaire Benalla : "l'audition de Gérard Collomb peut fragiliser le Président"

Par La Rédaction

Jean Petaux, politologue à Science Po Bordeaux, était l'invité de Philippe Verdier ce matin. L'occasion de parler des suites de l'affaire Benalla, des conséquences sur le futur en passant par la communication d'Emmanuel Macron. 

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Suite à l’affaire Benalla, Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur doit s’exprimer face au député à 10 heures, pour répondre à leurs questions. À quoi peut-il s’attendre ? Selon, Jean Petaux, politologue à Science Po Bordeux, le ministre devra sûrement répondre à des interrogations destinées à déstabiliser sa position : "Gérard Collomb a été l’un des tous premiers à soutenir Emmanuel Macron, bien avant que ce dernier ne déclare sa candidature. Cette audition va être pour l’opposition, une manière d’attaquer au plus proche du Président. C’est le principe du tronc d’arbre : plus vous élaguez les branches autour du tronc (symbolisé par Emmanuel Macron), plus vous le fragilisez".

Et la place du ministre de l’Intérieur pourrait se jouer à la suite de cette audition, du moins, c’est ce que pense le politologue qui y voit une ressemblance à l’affaire du Rainbow Warrior (coulage d’un navire de l’association écologique Greenpeace, par les services secrets en juillet 1985) : "Je ne fais pas un parallèle sur les modalités des deux affaires mais on a pu voir lors du Rainbow Warrior que Charles Hernu, très proche du Président de l’époque François Mitterrand, s’est pourtant fait lâcher par ce dernier. Dans le cas de l’affaire Benalla, le parallèle à faire est sur la capacité du chef de l’État à maintenir sa confiance sur quelqu’un qui serait accroché au radar sous les feux de l'opposition. Le fusible ne pourrait que griller".

Ce fusible, en d’autres termes c’est Gérard Collomb. Le premier ministre Édouard Philippe, lui, a été savamment écarté de l’affaire, commentant le Tour de France plutôt que ce qui tourne au scandale d’état. Pour Jean Petaux, une démission de son ministre de l’Intérieur signifierait que le Président n’est pas intouchable car il doit se séparer de son plus proche soutien politique.

Cette affaire risque incontestablement de laisser des traces pour le spécialiste. Selon lui, cette histoire n’est pas "sortie par l’action du Saint-Esprit" mais peut-être en cause d’un conflit inter-services entre les policiers et le service de protection du Président "qui entretiennent des relations exécrables entre eux". Une réorganisation s’impose donc au sein même de l’Élysée. Et pour Emmanuel Macron ? Là encore, le futur s’annonce compliqué : "Emmanuel Macron commençait à attaquer la montagne en termes de difficultés. La victoire des Bleus ne lui a pas fait gagner en popularité. En plus, c’est l’été, il ne se passe rien donc tout concorde pour que l’affaire Benalla soit une affaire à rebondissements, comme un feuilleton".

Pour l’instant, la stratégie du Président est assez simple : ne pas s’exprimer et attendre que l’affaire se tasse. Depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron a en effet solennisé sa parole de telle sorte qu’il refuse de parler sous la pression médiatique. Et pour se sortir de cette crise, il n’y a pas 36 solutions pour Jean Peteaux : "S’il déroge à sa ligne de conduite et parle officiellement, cela serait en quelque sorte avouer. Il a plutôt intérêt à faire le dos rond et attendre que le temps fasse son œuvre, ou que faute de rebondissement, l’affaire se tasse".

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