"Un jeune sur deux n’habite pas dans la ville où il est inscrit"
Alors que l’abstention a battu des records lors des élections départementales et régionales, certains prônent le recours au vote par Internet. On parle du vote électronique pour inciter les électeurs à s’exprimer lors des scrutins. Cela pourrait-il être la solution ? "J’y suis plutôt favorable, il faut faciliter le plus possible le vote des citoyens", estime Jean-Yves Dormagen, professeur de sciences politiques à l’université de Montpellier, spécialiste de l’abstention.
"Nombreux sont les citoyens dans des situations un peu compliquées pour voter, rappelle-t-il. 15% des inscrits ne résident pas dans leur lieu d’inscription, et c’est particulièrement fort chez les jeunes. En gros, un jeune sur deux n’habite pas dans la ville où il est inscrit. Cela explique en partie les 30 points d’écart entre la participation des moins de 30 ans et celle des 60-70 ans. Rien que pour cela, ce pourrait être intéressant de mettre en place le vote électronique, le fait de pouvoir voter de chez soi, via un ordinateur."
"L'Estonie est le seul pays à l’avoir vraiment mis en œuvre"
Quid des bugs et de la fraude, est-ce fiable ? "Dans un pays comme les États-Unis, il n’y a pas vraiment le vote électronique. Ce sont des machines électroniques de vote qui ont effectivement posé des problèmes. Cela ne changeait rien : les électeurs devaient se rendre sur place. La question est de vouloir ou non supprimer la nécessité de se déplacer pour les électeurs."
"Il y a aussi beaucoup de personnes âgées, précise ce spécialiste de l’abstention. Les plus de 80 ans, c’est 10% des inscrits et cela ne cesse de croître. L’espérance de vie s’allonge. Pour beaucoup d’électeurs âgés, le déplacement est difficile." Le vote par Internet a pourtant été abandonné ou presque en Europe. "Mais l’Estonie est le seul pays à l’avoir vraiment mis en œuvre. On peut voter depuis chez soi avec un identifiant et un code depuis son ordinateur. Cela a rencontré un grand succès. Mais ils ont maintenu les deux possibilités." Comment l’expérimenter en France ? "Si on expérimentait le vote électronique sur l’élection présidentielle, il y aurait des suspicions. On pourrait l’expérimenter à une échelle locale sur des scrutins où la tension est moins forte."
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