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Lot-et-Garonne : ces déserts numériques coupés du monde

Par Mathieu D'Hondt

Plus de 500 communes françaises n'ont toujours pas de couverture mobile et se désespèrent d'être raccordées un jour au réseau mais également à internet. Reportage à Sauméjan (Lot-et-Garonne).

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Alors que les accès à internet et à la téléphonie mobile sont désormais devenus - à tort ou à raison - indispensables au quotidien, de trop nombreuses parties de l'hexagone n'ont toujours pas de couverture réseau, principalement dans les zones rurales. Ainsi, pas moins de 541 communes du pays font office de désert numérique, notamment dans le département du Lot-et-Garonne, où 8 localités sont encore très mal desservies. Reportage à Sauméjan.

"C'est le bordel depuis toujours"

Une rue principale, un monument aux morts, quelques habitations, le tout dominé par le clocher de l'église. Situé dans les Landes de Gascogne, Sauméjan est un village qui ressemble à des milliers d'autres. Peuplée d'à peine 90 habitants, la vie y est paisible. Peut-être un peu trop ! La petite commune fait en effet partie de ce que l'on appelle "les déserts numériques", ces zones blanches où, comme le veut la formule consacrée, "il n'y a pas de réseau". Autrement dit, les smartphones et autres cellulaires ne peuvent y être utilisés.

Daniel, qui réside dans le centre-bourg, a bien un téléphone mais il ne l'utilise quasiment jamais,. Il nous explique son quotidien. "Ici, on ne s'en sert pas et on a même tendance à les oublier à la maison", nous confie-t-il, dans un demi-sourire, précisant que cette absence de réseau donne souvent lieu à des situations coquasses : "Je vois parfois les gens tourner autour de l'église avec leur téléphone pour chercher des barres de réseau (...) ça capte de temps en temps dans la maison ou dehors, ça dépend des jours et des heures, mais c'est le bordel depuis toujours", raconte-t-il très sérieusement. À l'ère du tout numérique, habiter dans un endroit boudé par les opérateurs s'avère en effet compliqué alors il faut s'adapter. Daniel est par exemple contraint de respecter un curieux rituel pour pouvoir être joignable à tout moment. "C'est galère ! Il faut, en arrivant à la maison, ne pas oublier de faire un transfert d'appel sur le fixe. Et, en repartant, ne surtout pas oublier de le retirer", explique-t-il ainsi.

Un véritable "système D" que Daniel pourrait bien ne plus employer dans un futur proche, puisqu'un pylône de radiotéléphonie devrait être érigée d'ici deux ans, dans les environs. C'est du moins ce qui a été promis mais le maire PS de la commune, Francis Da Ros, n'a pas la moindre nouvelle quant à l'avancée du projet. "Je ne sais pas, c'est vous qui me le dîtes. Peut-être bien ! On attendra deux ans mais depuis le temps qu'on l'attend, ils peuvent nous le faire gratis (sic)", déplore l'élu dans un mélange d'amertume et d'ironie.

En attendant l'arrivée du réseau, le premier édile et ses administrés continueront donc de téléphoner en se rendant dans l'unique cabine téléphonique du village, l'une des dernières encore en service dans le pays. 

Propos recueillis par Christophe Bernard

 

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