single.php

80 km/h : un rapport du Sénat préconise de cibler les routes accidentogènes

Par Jérémy Jeantet

Une expérimentation "inconclusive", aux résultats insuffisants, une annonce "brutale"... Un rapport sénatorial épingle la décision du gouvernement d'abaisser la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h sur l'ensemble des routes secondaires sans séparateur central, et propose de décentraliser cette prise de décision au niveau des départements, tout en ciblant les routes "accidentogènes".

Thumbnail

Un pavé dans la mare. Un rapport sénatorial dénonce la méthode et la justification de l'abaissement généralisé de la vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes secondaires sans séparateur central.

"Le Gouvernement n'a pas procédé à une concertation préalable suffisante, ni fourni d'éléments de nature à étayer sa décision", écrivent les sénateurs dans ce rapport intitulé "Sécurité routière : mieux cibler pour plus d'efficacité".

Notant les fortes oppositions suscitées par la mesure, annoncée début janvier pour une mise en application au 1er juillet 2018, les auteurs du rapport dénoncent tant les expérimentations qui ont précédé cette décision que son application générale.

Des zones de tests ont été mises en place entre juillet 2015 et juin 2017, sur trois tronçons routiers répartis dans quatre départements, sur un total de 86 km. Manquant d'ambition, tant sur la durée que sur le périmètre retenu, cette expérimentation n'a même pas été retenue par le Gouvernement actuel pour justifier son choix en ce début d'année. "Le Gouvernement n'a pas souhaité utiliser ces résultats dans le cadre des consultations actuelles", avait même reconnu le Premier ministre, Édouard Philippe.

Une étude a bien été réalisée en février 2018 sur l'accidentologie sur ces portions de routes pendant les tests, étude qui relève elle-même que la baisse du nombre d'accidents relevée n'est "pas statistiquement significative", compte tenu du faible nombre d'accidents relevés.

N'étant pas étayée par des études fiables, et en l'absence de concertation véritable, l'annonce de baisser la vitesse à 80 km/h sur une large partie du réseau routier français, environ 400 000 km, a fait l'objet d'un fort rejet dans la population, mais également parmi les élus locaux.

Les départements, notamment, qui participent déjà à l'adaptation des règles de sécurité routière en fonction des spécificités propres à leur réseau routier, doivent être associé à cette prise de décision, estime ce rapport, présenté ce jeudi par les sénateurs qui y ont participé.

Conf Presse 80 km h @Juliette de Noyelle.JPG

Des conférences départementales de sécurité routière pourraient être mises en place afin de cibler les routes accidentogènes sur lesquelles cette mesure devrait être limitée. Une telle approche favoriserait l'acceptation de la mesure et permettrait d'être mieux adaptée à la réalité des territoires.

Prévue pour entrer en vigueur au 1er juillet 2018, la mesure d'abaissement de la vitesse à 80 km/h voit ses opposants bénéficier d'un soutien de poids. Reste à savoir s'il sera suffisant pour faire reculer le gouvernement...

L'info en continu
22H
21H
20H
19H
18H
17H
16H
15H
14H
13H
Revenir
au direct

À Suivre
/