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La prison de Fresnes épinglée pour ses conditions de détention indignes

Par Mathieu D'Hondt

Surpopulation carcérale, insalubrité, violence croissante, les conditions de détention dans la prison de Fresnes (Val-de-Marne) sont devenues indignes. Devant l'urgence de la situation, des avocats représentant 3 départements franciliens ont décidé de saisir la cour Européenne des droits de l’homme. Reportage sur place.

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Déjà épinglée par le passé, notamment par la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne) se retrouve de nouveau au cœur de l'actualité. Comme nous vous le révélions ce mercredi, la prison francilienne est en effet au bord de l'implosion, en raison de conditions de détention indignes. À l'insalubrité des locaux et à la violence devenue monnaie courante, s'ajoute une importante surpopulation carcérale. Ainsi, avec un taux d'occupation de 196% (2 582 détenus pour une capacité de 1 320), l'établissement pénitentiaire présente un bien triste record.

"Entre 120 et 150 détenus pour un seul surveillant"

Et pour ne rien arranger, la situation sur place se dégrade de jour en jour comme nous le rappelle Maude Schlafmann, avocate au barreau de Créteil, dont l'un des détenus est actuellement incarcéré à Fresnes. "Il y a une invasion de punaises de lit. J'ai un client qui ne dort plus, qui me décrit qu'il sent les punaises sur lui qui le piquent toute la nuit. Il m'a montré les traces de piqûres, son corps en est recouvert" indique-t-elle, ajoutant que son client a par ailleurs demandé qu'une "désintoxication soit mise en œuvre" mais que cela n'avait "jamais été fait". Et l'intéressée de dénoncer ces conditions indignes en précisant que le détenu qu'elle défend lui a montré "ses draps maculés de traces de sang". "Aujourd'hui, il y a des gens qui se retrouvent dans des situations complètement hallucinantes", poursuit-elle, citant l'exemple d'un autre détenu qui affirme que "des cafards ont envahi tous les murs de sa cellule".

Des proches de personnes incarcérées, croisées devant l'enceinte de la prison, ne disent pas autre chose et dénoncent également l'insalubrité des lieux. C'est le cas  notamment de Sonia qui, à l'occasion d'une première visite rendue à son frère emprisonné, n'a pu que constater les dégâts au parloir. "Dans les cabines, c'est affolant, c'est dégueulasse ! On a l'impression d'être au sol, il y a des chewing-gums par terre, des crachats au mur et des restes de détritus", déplore-t-elle avec dépit. Un constat terrible que partagent les personnels pénitentiaires qui n'ont de cesse de tirer la sonnette d'alarme, pointant du doigt la surpopulation. Erica, surveillante depuis 10 ans, nous a ainsi confié son désarroi : "On est en ce moment entre 120 et 150 détenus sur un étage pour un seul surveillant", affirme-t-elle. "Tous les jours, il y a des agressions parce que certains sont lésés et à partir du moment où on est lésé plusieurs fois, on essaie de s'en prendre à celui qui passe, c'est-à-dire le surveillant", ajoute-t-elle.

Devant l'inaction des pouvoirs publics, des avocats représentant les départements du Val-de-Marne, des Hauts-de-Seine et de la Seine-Saint-Denis ont donc décidé de saisir la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), s'appuyant sur des dizaines de requêtes émanant de détenus. Cette action débouchera-t-elle sur des évolutions concrètes ? Rien n'est moins sûr, d'autant que la prison de Fresnes demeure l'un des établissements les plus fréquemment ciblés pour sa situation préoccupante. Affaire à suivre.

Propos recueillis par Clément Bargain à la prison de Fresnes

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