Une trentaine d'avocats, une quinzaine de parties civiles, 300 journalistes accrédités, des dizaines de témoins appelés à la barre pour percer le mystère de la disparition de Delphine Jubillar dont le corps n’a jamais été retrouvé. Ce lundi 22 septembre 2025 s’ouvre devant la cour d’assises du Tarn à Albi le procès très attendu de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse Delphine, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines.
Le rappel des faits
Delphine Jubillar, infirmière de 33 ans et mère de deux enfants, était sur le point de refaire sa vie avec un nouvel homme lorsqu’elle a disparu sans laisser de trace. Le couple, en crise, vivait dans une maison en chantier. Delphine avait annoncé son intention de divorcer. Le corps n’a jamais été retrouvé, aucun aveu formel n’a été enregistré, mais les enquêteurs ont progressivement acquis la conviction que son mari, Cédric Jubillar, l’aurait tuée dans un contexte de jalousie et de rupture imminente.
Les enjeux du procès
- Un procès sans corps ni scène de crime, ce qui rend la démonstration judiciaire particulièrement complexe.
- 65 témoins et 11 experts sont attendus à la barre de la cour d’assises du Tarn, dont des proches du couple Jubillar, des voisins, et un ancien codétenu qui affirme que Cédric Jubillar lui aurait fait des aveux indirects.
- 14 parties civiles sont constituées, dont les enfants du couple, représentés par leurs avocats.
- Le témoignage du fils aîné, Louis, alors âgé de 6 ans, sera central. Il aurait assisté à une dispute violente entre ses parents la nuit de la disparition. Bien qu’il ne soit pas entendu à l’audience, ses déclarations seront versées aux débats.
Jubillar dans le déni
Incarcéré depuis juin 2021, Cédric Jubillar nie toute implication dans la disparition de sa femme. Sa défense s’appuie sur l’absence de preuves matérielles, l’absence de corps, et les incohérences des témoignages indirects. Elle dénonce une “construction judiciaire” fondée sur des suppositions et des interprétations.
Parties civiles : une accumulation d’indices
Les avocats de la famille de Delphine Jubillare pointent les contradictions dans les propos de Cédric, son comportement jugé inapproprié après la disparition, et les témoignages de voisins ayant entendu des cris cette nuit-là. Ils évoquent aussi les confidences troublantes faites en détention, et les tensions conjugales documentées avant le drame.
Un dispositif hors normes
L’audience se tiendra dans la salle Thémis du palais de justice d’Albi, entièrement réorganisée pour l’occasion. Le public pourra y assister, mais les places seront limitées et attribuées selon le principe du “premier arrivé, premier servi”. Une salle de retransmission sera également mise en place. Idem pour les 300 journalistes accrédités qui ne pourront pas tous assister aux audiences, mais pourront ainsi se rabattre sur une salle de presse aménagée pour l'occasion.
Une affaire sans corps et sans aveu
Ce procès, qui s’annonce aussi médiatique que sensible, pourrait enfin apporter des réponses à une famille meurtrie et à une opinion publique bouleversée. Mais dans une affaire sans corps, sans aveu, et sans preuve irréfutable, la vérité judiciaire reste à construire.
