Marie a 75 ans. Il y a un peu plus d'un an, cette Parisienne a vécu cette « parenthèse enchantée » olympique puis paralympique de l’intérieur, aux premières loges même car « j’habite au coin de la rue, en face de la Place des Droits de l’Homme », précise-t-elle. Emballée par les Jeux Olympiques, elle a surtout eu le coup de foudre pour les Jeux Paralympiques. Mais aujourd'hui, elle reste autant sur sa fin que sur sa faim et regrette les gages donnés par le monde du sport et certains médias.
« Certes, il y a eu des avancées, souligne-t-elle, le regard sur les personnes en situation de handicap a changé, mais nous ne sommes pas allés assez loin. Il doit y avoir plus de diffusions à la télé ! » Un constat partagé par Sébastien, professeur d’histoire-géographie : “J’ai l’impression que les médias ont un peu passé les sports paralympiques à la trappe”, confie-t-il, avant d’ajouter d’un ton critique : « Ils s’en sont servis comme d’un outil marketing ».
"Les médias se sont servis des sports paralympiques comme d’un outil marketing"
Si le virage paralympique n’a pas vraiment été pris par les diffuseurs, le public, lui, se dit pourtant demandeur. A l'image d'Alexandre, étudiant de 19 ans, qui a découvert les sports paralympiques l’an dernier et qui regrette que le soufflé soit retombé : « On ne voit pas ces sports à la télé, on n’est pas informé de quand ni où c’est diffusé. S’il y avait un peu plus d’informations, je regarderais, car j’y ai pris goût durant les Jeux. »
Tellement séduit par l’expérience, le jeune homme est même allé jusqu’à tester une discipline : « J’ai essayé le basket-fauteuil. Je peux vous dire que ce qu’arrivent à réaliser ces athlètes est exceptionnel, car c’est encore plus compliqué que le basket pour nous, les valides. Leur résilience est remarquable. »
🔴 Nouveau gouvernement : pas de ministère pour le handicap !
— Sud Radio (@SudRadio) September 22, 2024
"On nous parlait de l'héritage des Jeux, il aura vite été enterré"
🗣️ Anthony Martins-Misse, judoka et consultant paralympique Sud Radio pic.twitter.com/qfHGdRBqPv
Les Français en redemandent
Si Alexandre admire la résilience de ces athlètes, Ethan, étudiant de 20 ans en prépa littéraire, retient d’autres valeurs : « Lorsque j’ai regardé des courses avec des guides, comme en athlétisme, je me suis dit que c’était une belle image de solidarité et d’entraide. Ces valeurs, j’ai du mal à les retrouver dans les sports valides. » Et surtout, lui comme les autres aurait aimé continuer à les admirer à la télé...
Si de nombreux athlètes handisport se sentent lésés par les instances, les pouvoirs publics et certains médias, force est de constater que le fameux « héritage » promis à grand coup de déclarations tapageuses ou de belles phrases n'est pas au rendez-vous... »La révolution après les Jeux Paralympiques n’a pas eu lieu, c’est une trahison », a même lâché Michaël Jeremiasz, ancien champion paralympique de tennis-fauteuil à Pékin en 2008, et figure emblématique du handisport français. Déçus ou échaudés, une chose est sûre : les Français en redemandent.