Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Patrick Roger.
- Il est 7h42. Pourquoi ce niveau scolaire en France ? C'est assez incroyable. Alors là, c'est l'OCDE qui le dit, avec un rapport choc qui a été dévoilé hier, une étude.
- Des adultes français diplômés n'ont pas les compétences à l'écrit d'un enfant de 10 ans. Alors soit l'OCDE se moque de la France, soit c'est une réalité, et c'est assez inquiétant.
- Nous sommes avec Gabriel Latenzio, qui est professeur agrégé à Paris 1, ex-professeur d'anglais dans un lycée en Seine-Saint-Denis. Bonjour.
- Bonjour. Vous avez réagi à cette étude. Je disais, ce sont des gens, vous comme moi peut-être, qui ont passé des années à l'école, parfois donc à l'université, et qui n'ont pas les compétences à l'écrit d'un enfant, normalement, donc de 10 ans. C'est ça ? Oui. Ce que nous raconte ce texte, c'est que ça concernerait une personne sur 20, en gros, qui, effectivement, ne satisfait pas aux exigences un peu élémentaires de littératie.
- Alors il y a différentes mesures dans ce rapport. Ça parle pas que de la France et ça parle pas que de ce sujet-là. Mais c'est un élément qui, évidemment, nous choque, parce que ça veut dire qu'il y a un trou dans la raquette. On a trahi une partie de notre jeunesse devenue adulte.
- Et puis nous, on a évidemment d'autres espoirs pour un pays qui est censé autant incarner la culture que le nôtre. Et effectivement, c'est un signal d'alarme.
- Vous savez, cette enquête, elle sort tous les ans. Et en fait, ce que l'on voit, c'est le prolongement d'un phénomène que l'on avait déjà identifié.
- Je pense, moi, ce qu'il faut retenir de ce texte, c'est une grande contradiction. C'est qu'on n'a jamais eu autant de diplômés.
- Et pour autant, dans les mesures de notre capacité de compréhension de lecture, ça baisse. Donc ça veut dire que, quelque part, on a cassé le thermomètre.
- Oui. Quelque part, effectivement, c'est une philosophie de l'éducation.
- Et du niveau de nos diplômés qu'on a revus ces dernières années, quoi.
- Quand il y a, allez, maintenant 30 ans, Chevènement disait qu'il faut amener 80% des élèves au niveau bachelier, tout le monde a applaudi, ou beaucoup, en se disant « C'est vrai, fondamentalement, c'est mieux de monter le niveau des études ».
- Sauf que, dans la réalité, c'est pas exactement ça qui se produit, quoi.
- Ouais, je comprends, monsieur Anger.
- À la fois, vous avez raison, une question culturelle et aussi une question d'organisation. Je pense que c'est les deux à la fois.
- Sur la question culturelle, je vais même vous dire, je pense que c'est une évolution culturelle qui a lieu dans d'autres pays occidentaux.
- Moi, je suis américaniste, je suis spécialiste de nos amis états-uniens. Et j'avais vu une étude, il y a trois mois, qui m'avait vraiment choqué, où l'on apprenait que dans des universités du Midwest, donc au plein milieu du pays, en gros, un étudiant en lettres sur trois ne peut pas comprendre un chapitre de Mark Twain.
- Et quand on apprend une chose pareille, on se dit que c'est leur domaine de spécialité, ils n'en sont même pas là.
- Pour Twain, ça se lit très facilement. Je vous assure, ce n'est pas Shakespeare. Enfin, on se dit qu'on a vraiment un souci qui peut être commun à différents pays.
- Quant au moyen, vous savez, l'OCDE nous montre quand même quelque chose. C'est qu'en fait, dans notre niveau d'investissement éducatif, on est à peu près dans la moyenne des pays de l'OCDE.
- Moi, ce n'est pas l'idée que je me fais de la France. On ne devrait pas être 21e, 22e dans nos dépenses éducatives. Et encore, c'est pire, parce que dans les dépenses éducatives, c'est un chiffre global qui ne fait pas le détail de ce à quoi cet argent est dédié. Donc oui, il y a plein de raisons d'être inquiets.
- Et puis surtout, voilà, des raisons...
- Aussi de comprendre que c'est un phénomène qui est dans la longueur. Et si on veut que ça change, il va falloir changer tout de suite, parce que les résultats seront dans des décennies.
- Oui, c'est ça. Gabriel Latenzio, lors...
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