Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Patrick Roger.
- 7h41, pour ou contre la réouverture des maisons closes ? C'est une proposition qui fait beaucoup causer.
- Nous avons voulu en savoir en fait un peu plus ce matin. Et nous sommes avec une escorte girl qui ne s'en cache pas, Mathilde, auteure d'un livre « 300 de l'heure, c'est le prix de ma liberté » aux éditions Max Milot 2022 et qui a accepté de témoigner ce matin sur Sud Radio, qui est avec nous. Bonjour Mathilde.
- Bonjour Patrick.
- Bon, je précise que c'est un prénom que vous avez choisi pour garder en fait l'anonymat.
- Vous aviez pris la parole dans ce livre pour assumer haut et fort votre activité.
- Quand vous avez entendu parler de cette proposition sur la réouverture, l'ouverture des maisons closes, quelle a été votre réaction ? Qu'est-ce que vous en pensez, vous ? Écoutez, moi, je trouve déjà que c'est très bien de pouvoir mettre un petit peu ce débat sur la table.
- Donc c'est toujours très intéressant de pouvoir donner la parole aux travailleurs du sexe et puis de voir un petit peu comment on peut faire évoluer effectivement cette loi contre la pénalisation des clients.
- Oui, c'est ça. Plus que l'ouverture des maisons closes, d'ailleurs.
- Alors certains disent non, mais c'est pas possible. C'est l'exploitation, en fait.
- Des femmes, y compris dans des maisons closes. Qu'est-ce que vous dites ? Et à travers votre histoire personnelle, vous, est-ce que c'est un choix ou est-ce qu'il y a eu une exploitation, Mathilde ? Non, moi, j'ai jamais vécu d'exploitation. Ça a été effectivement purement un choix.
- C'est ce que j'explique dans mon livre. Moi, j'ai eu une vie complètement normale.
- J'ai une carrière professionnelle. J'ai fait des études. Je n'ai jamais été violentée ni battue.
- Simplement, à l'âge de 30 ans, j'ai décidé effectivement...
- Passer aux rencontres tarifées, parce que je trouvais que c'était bien plus plaisant, finalement, que les rencontres d'un soir, comme on peut avoir dans la vie de toujours, via les applications, etc.
- Et qu'au contraire, il n'y a pas du tout d'exploitation de mon côté.
- C'est plus une revendication même féministe d'avoir le droit de faire ce que l'on veut de son corps sans que ça pose de problème à personne.
- Mais est-ce que vous considérez ça comme un métier, Mathilde ? Mais absolument. Et puis c'en est un, d'ailleurs. Il faut pas oublier que la prostitution en France est complètement légale. Vous pouvez vendre un service. Ce qui était illégal en France, c'est de l'acheter.
- Donc oui, c'est absolument un métier, oui.
- Oui. C'est ça. Et donc vous, vous avez pu faire cohabiter ce métier d'escorte-garde à un autre métier, puisque vous avez dirigé même ou co-dirigé une entreprise, quoi.
- Absolument. Tout à fait. Exactement. L'un n'empêche pas l'autre.
- C'est un milieu où on pense toujours que les femmes sont perdues, alors qu'il y a de nombreuses, de milliers de femmes qui font ce choix-là pour explorer leur sexualité et une autre façon de rencontrer des hommes.
- Oui. Mathilde, est-ce que vous en parlez avec vos clients, avec des hommes, sur cette décision de rouvrir ou pas des maisons closes et puis sur ces relations ? Oui. Sur ces relations, en fait, tarifées. Qu'est-ce qu'ils disent et qu'est-ce que vous leur dites, vous, à ces hommes ? Écoutez, ce qui est problématique en France aujourd'hui, c'est le côté... C'est la loi sur le proxénétisme.
- C'est-à-dire que tout est considéré comme étant du proxénétisme. Les femmes ne peuvent pas s'associer, ne peuvent pas utiliser l'argent qu'elles gagnent par ce biais-là, ne serait-ce que pour employer une femme de ménage, par exemple. Et effectivement, les hommes, eux, pour la plupart, pouvoir avoir accès à ce service sans qu'ils soient pénalisés.
- Oui. C'est ça. Est-ce que ce serait un retour en arrière que de rouvrir des maisons closes ? Non, ce serait plutôt un pas en avant, j'ai envie de dire, pour sécuriser les femmes. Après, la rouverture des maisons closes, comme je dis, c'est pas tellement ça, le problème, parce qu'il faut que les filles ou les hommes qui se prostituent puissent exercer...
- de manière comme ils le souhaitent. On...
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