Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Bien, notre invité ce matin, et je suis très heureux en studio avec nous, un lundi de Pentecôte, je vous remercie Béatrice Brugère d'être là.
- Vous êtes magistrate, vous êtes secrétaire générale du syndicat Unité Magistrat FO, on vous connaît bien.
- Vous êtes maintenant l'un des magistrats les plus célèbres de France, Béatrice Brugère, et je voudrais revenir, vous revenez de voyage, je voudrais revenir sur les derniers propos de Gérald Darmanin, le garde des Sceaux.
- Il y a eu de gros incidents en France après la victoire du Paris Saint-Germain, des comparutions immédiates, tout a été dit, la justice, certains disant la justice est laxiste, trop laxiste, d'autres disant mais non, elle est trop sévère.
- D'abord, est-ce que la justice est laxiste en France, oui ou non, Béatrice Brugère ? C'est toujours la question récurrente qu'on a à chaque fois qu'il y a des événements de ce titre-là, enfin de ce genre-là, où on regarde un peu les décisions et à partir des décisions, on en tire en effet un laxisme judiciaire.
- Moi, je crois surtout que c'est tout le système judiciaire aujourd'hui qui est à revoir parce qu'il est en injonction contradictoire, c'est-à-dire qu'à la fois, tout le temps, et le ministre et les ministres nous demandent d'être sévères, vous le savez, on dit la justice va être implacable, etc., et on a un arsenal législatif qui peut être très sévère.
- On a un député vraiment...
- En termes de répression, on ne peut pas dire qu'on soit faible, on a tout ce qu'il faut pour réprimer.
- Et à la fois, on a une injonction contradictoire qui dit aux magistrats, il ne faut pas mettre de la peine de prison, en tout cas le plus tard possible et le moins possible, un, parce que nos prisons sont pleines, deux, parce que finalement la peine de prison aujourd'hui est discréditée comme une peine de référence et une peine intéressante.
- Donc on est partagé en France, et c'est les discours politiques, vous avez les uns qui disent, il faut absolument condamner, envoyer en prison, les autres qui disent, non, surtout pas, les prisons sont surpeuplées, surtout la prison, ça ne sert pas à réinsérer.
- Béatrice Baugère, vous, vous faites des propositions, et depuis longtemps, vous vous battez, vous dites, dès le premier délit, dès le premier délit, il faut une courte peine de prison.
- Alors en fait, c'est surtout dès le premier délit grave.
- Grave, oui, bien sûr.
- On est d'accord, c'est-à-dire sous des atteintes à l'intégrité, ou là, dans le cas dont on parle...
- C'est-à-dire qu'on agresse un policier ? Oui.
- Quand on saccage un magasin ? Oui, des délits vraiment très graves.
- Il est difficile aujourd'hui, pour le citoyen, de comprendre qu'il n'y ait pas une sanction.
- Et moi, je pense que c'est en fait la philosophie de Beccaria, vous savez, du siècle des Lumières, qui dit, il vaut mieux une sanction certaine, qui soit courte, proportionnée, et nous, nous sommes intéressés aux ultra-courtes peines, ce qui se fait dans les démocraties, en fait, du nord de l'Europe, et même en Allemagne, qui sont des ultra-courtes peines, entre 7 et 14 jours, pour des faits très graves.
- Tout notre système, aujourd'hui, tend plutôt à reculer, avec tout un système de sursis, d'alternatives, de probation, une sanction qui, parfois, après, est très lourde.
- C'est ça qui cause la surpopulation carcérale.
- C'est pas le nombre d'entrants en prison, puisqu'en fait, il tend à diminuer.
- On condamne de moins en moins à la prison.
- Mais ceux qui rentrent en prison, quand ils rentrent, les peines s'allongent, puisqu'on est passé de 6 mois à 11 mois.
- Et c'est cet allongement de la détention qui fait la surpopulation.
- L'occupation de la prison.
- Dans les pays nordiques, en fait, eux, ils sont sur des très courtes peines, donc il y a un turnover, et l'ultra-courte peine a un intérêt.
- C'est 7 à 14 jours, c'est qu'elle ne désocialise pas, elle n'est pas criminogène, dans le sens que vous n'avez pas le temps, évidemment, de rentrer dans une forme d'apprentissage en détention auprès de gens qui seraient beaucoup plus expérimentés sur une criminalité.
- Et elle est...
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