Retranscription des premières minutes :
- Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
- Témoignage ce matin sur l'antenne de Sud Radio, Alexandre Pérez est avec nous.
- Alexandre Pérez, bonjour.
- Bonjour Jean-Jacques.
- Vous avez 48 ans. Alexandre, vous êtes membre du collectif Bétarame.
- Vous êtes élu à Pau. Vous étiez scolarisé au pensionnat dans cette institution catholique du Béarn dans les années 1990.
- Bétarame, dites-vous, c'est 4 ans de violence systémique. Vous êtes resté 4 ans.
- Oui, tout à fait, de 12 ans à 16 ans, de 89 à 93.
- Alors, violence systémique, c'est-à-dire ? C'est-à-dire la violence qui vient des encadrants, mais qui vient aussi des élèves.
- Et c'est une atmosphère de violence du matin au soir et du lundi au vendredi, et même le week-end pour ceux qui avaient...
- l'occasion d'y rester, le malheur d'y rester.
- Oui, certains étaient internes et restaient internes et restaient même le week-end.
- Oui, il y en avait dont les familles habitaient très loin, qui restaient donc le week-end.
- Et il y en avait qui étaient punis, qui restaient le week-end.
- C'est même des choses d'ailleurs que...
- Vous voyez, quand on parle du silence de Bétarame, qui est le titre du livre de l'un, je ne savais même pas qu'il y avait des élèves qui restaient le week-end.
- Je l'ai appris récemment.
- Oui, qui étaient punis.
- Qui étaient obligés donc de rester le week-end.
- Des punitions arbitraires, sans qu'on sache pourquoi, bien souvent.
- C'est exactement ce que je dis, c'est totalement arbitraire.
- C'est l'injustice totale.
- Et vous pouviez faire l'exemple, en fait, c'est-à-dire qu'un surveillant arrivait et vous mettez une grosse torgnole par derrière, vous arrachez les cheveux.
- Je parle toujours avec émotion.
- Sans aucune raison.
- Pour montrer aux autres la terreur.
- Oui, le temple de la violence, écrivez-vous, dites-vous.
- Le temple du silence aussi.
- On devait se taire et ne pas raconter vers l'extérieur ce qui se passait à l'intérieur de l'établissement.
- On me pose souvent la question, pourquoi ? Oui.
- Je ne sais pas y répondre.
- Pourquoi on était silencieux à ce point-là ? J'ai du mal à répondre.
- C'est tellement fort cet omertin, c'est tellement puissant.
- Je pense que les gens à l'extérieur ne se rendent pas compte de ce système sectaire.
- On sait maintenant, à travers tous les témoignages qui surgissent, on sait maintenant ce qui se passait derrière les murs.
- Mais ce qu'on ne comprend pas bien, c'est pourquoi personne ne disait rien.
- Est-ce que les élèves, vous êtes restés quatre ans à Bétharame, est-ce que les élèves en parlaient ? Vous en parliez entre vous ? Parliez de ces violences entre vous ? Jamais.
- À part les violences physiques que l'on voyait forcément sur les autres.
- On les vivait soit directement, soit par procuration.
- Mais des violences sexuelles, des abus sexuels, des attouchements, des viols.
- J'avais entendu une histoire qui s'était passée en 88, on en parle souvent d'ailleurs, c'était la personne concernée par l'affaire du père Carricard, qui est arrivée en 90.
- Mais des faits se sont passés en 88, je suis arrivé en 89.
- J'avais entendu des choses.
- Mais je n'ai jamais vu, je n'ai jamais pu constater.
- Alors que mon voisin de dortoir, j'ai appris que mon voisin de dortoir avait été abusé sexuellement.
- C'est incroyable.
- Vous en aviez, à l'époque, vous en aviez parlé à vos parents ? J'avais parlé à ma maman de violences physiques.
- Oui.
- Elle était allée se plaindre à la direction, elle avait mis en cause le surveillant, qui aujourd'hui d'ailleurs est incarcéré.
- Oui.
- Pour lequel j'ai œuvré vraiment à ce qu'il soit retiré, parce que ça fait 40 ans qu'il était encore dans l'établissement, en février 2024.
- J'ai œuvré pour qu'il soit, avec Alain Esquerre, pour qu'il soit au moins mis à pied.
- Et puis derrière, il a été incarcéré.
- Ma maman était allée sur place, je ne m'en souvenais plus.
- Vous voyez vraiment, le cerveau fait bien le ménage.
- Et elle m'a rappelé l'année dernière, quand cette affaire a éclaté, qu'elle était allée là-bas à plusieurs reprises, au moins deux ou trois reprises, se plaindre de ça, et elle s'est faite endormir.
- Oui, oui, oui.
- En fait, il l'a mérité, il avait fait ci, il avait fait ça, ce qui n'était...
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