Retranscription des premières minutes :
- « 8h23, bon réveil, vous écoutez Sud Radio et nous essayons de comprendre le monde qui nous entoure.
- Vous l'avez vu cette semaine, Michelin, oui Michelin, le producteur de pneus, a fait un don de 4,3 millions d'euros à l'État français.
- Ah ben ça c'est bienvenu, vous me direz, en cette période de vache maigre.
- Pour comprendre ce mécanisme, nous sommes avec François-Xavier Carayon, consultant en stratégie et auteur de « Les états prédateurs » aux éditions Fayard.
- Bonjour François-Xavier.
- Bonjour et bonjour à tous les auditeurs.
- Expliquez-nous ce qui s'est passé. Alors ça c'est le bienvenu, un don de 4,3 millions, mais il y a une espèce de logique parce que cette somme correspond à des crédits d'impôt reçus par le fabricant de pneus pour la rénovation d'une usine à la Roche-sur-Yon qui entre-temps a fermé ses portes en 2020. Mais François-Xavier, Michelin n'était pas obligé de le faire ce don.
- Exactement. C'est la question qui a un peu agité toute la presse. Est-ce que c'est un don ? Est-ce que c'est un remboursement ? Alors c'est un don techniquement parlant puisqu'il n'était pas exigé. Il a été, comme vous l'avez indiqué, versé en compensation des avantages perçus au titre du CICE. Le CICE, c'est quoi ? C'est un dispositif d'aide publique. Et ces dispositifs d'aide publique, ils ne prévoient pas de remboursement dans la vaste majorité des cas lorsque le besoin finalement est éteint. Donc c'est un don. Après, est-ce que c'est un don gratuit ou spontané ? Évidemment, à l'évidence, non. Puisque la commission d'enquête qui avait été initiée, vous savez, par le sénateur communiste Fabien Guay a jeté la lumière en fait sur cette aide publique. Cette aide publique qui a in fine donc ne pas été dirigée vers les projets initialement visés.
- Mon sentiment personnel, c'est que c'est un acte responsable en tout cas de la part des dirigeants.
- Comme citoyen. Au-delà de ça, je décortique tout ce que vous venez de nous dire. Le CICE, c'est ça. En fait, c'est un prêt sans condition.
- C'est quand même fou qu'un État prenne le risque d'un prêt sous condition. C'est bien d'aider nos entreprises. Ça a permis d'embaucher.
- Mais sous condition, c'est un peu fort de café, non ? Oui et non. Je crois que ça illustre une forme de schizophrénie de notre pays à l'égard de nos entreprises.
- C'est-à-dire qu'on a d'un côté ce pays qui est le champion des impôts et des taxes sur nos entreprises. Comme vous le savez, l'impôt sur les sociétés, les cotisations patronales, les taxes sur la production, la production, le CFE, le CVF, etc.
- Les droits d'enregistrement, j'en passe. Donc on a ce dispositif fiscal qui est une forme d'étouffement et qui épuise notre compétitivité.
- Et à côté de ça, l'État se dit « bon, parce que je suis en train d'abîmer la compétitivité de mes entreprises, je vais verser tout un tas d'aides ».
- Alors aujourd'hui, il y en a 2200 qui sont versées aux entreprises.
- C'est un système très opaque qu'on a du mal à tracer, mais qui cherche finalement à effacer les dégâts qu'il produit par la charge fiscale.
- Voilà pourquoi, à mon sens, c'est une forme de schizophrénie.
- En fait, c'est terrible. Et on a l'impression de voir ce schéma tellement deux fois.
- Au lieu de se dire « ben tiens, je pense aux agriculteurs, on va vous abattre toutes vos bêtes, mais toutes ne sont pas malades.
- Oui, mais par précaution. Mais en plus, on vous donnera des indemnités.
- » Alors qu'on peut ne pas donner ses indemnités.
- On peut ne pas donner ses indemnités et n'abattre que les bêtes qui sont touchées.
- Ce schéma-là, il est terrible en France.
- C'est-à-dire qu'on vous a ponctionné, donc on vous aide, mais l'argent, on a l'impression qu'il pleut de l'argent.
- Oui, et puis d'une certaine façon, c'est un schéma qui est illisible.
- Illisible pour tout le monde, c'est-à-dire du côté des investisseurs qui investissent dans Michelin, qui sont maintenant largement à l'étranger, mais il n'y a pas de visibilité pour eux parce qu'ils ont du mal à comprendre le poids réel des prélèvements.
- Puisque l'État prend énormément.
- Il y a pas de visibilité non...
Transcription générée par IA