Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
- Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité, vous avez vécu la pire des tragédies.
- 30 ans après, vous avez choisi de transformer cette fausse note du destin en une mélodie sous la forme d'un livre que vous présentez comme un grand jour pour vous.
- Et pas seulement ce jour, parce que vous êtes de retour dans les clés d'une vie.
- Bonjour Corneille.
- Merci Jacques, merci de me recevoir.
- Écoutez, je vous ai reçu au début des clés d'une vie.
- On a beaucoup progressé aujourd'hui, on est à plus de 1500 émissions.
- Ah oui, félicitations.
- Mais quand j'ai su que vous veniez à Paris pour quelques jours, puisque vous venez à Montréal, j'ai dit, bienvenue dans les clés d'une vie, avec ce nouveau livre, La mélodie du pardon, chez XO Éditions, qu'on va évoquer tout au long de l'émission, parce que c'est un peu votre parcours, je crois.
- C'est une sorte de rédemption de votre parcours.
- De rédemption de mon parcours, puis la résurrection de mon père, dont je fais un personnage dans ce livre.
- Alors, on va en parler, bien sûr, en fil et graine, tout au long de l'émission, avant de revenir sur le livre plus complètement tout à l'heure.
- Et les dates clés, la première, c'est le jour tragique, c'est-à-dire le jour où tout a basculé, le 15 avril 1994.
- Et je vous raconterai dans votre livre que vous ne conservez que des souvenirs éparts de ce jour-là, Corneille.
- Oui, en plus, c'est un souvenir changeant.
- C'est très... Les souvenirs marquants de notre vie, on pourrait croire qu'ils sont des souvenirs qui sont...
- figés, avec des couleurs, avec des odeurs, des choses bien claires et nettes et constantes, qui ne changent pas.
- Et en fait, je me rends compte que mon rapport avec ces souvenirs-là, avec cette nuit-là, évolue avec le temps.
- Là où, évidemment, sans parler de l'aspect un peu graphique de cette nuit-là, mais si je dois parler de ce que j'ai perdu cette nuit-là, par exemple, qui est ma famille, avec le temps, comme père de famille aujourd'hui, par exemple, elle ne représente plus que la perte.
- Elle représente aussi une nouvelle naissance, une sorte de nouveau début pour une autre vie dont je jouis aujourd'hui, plein de petits et gros bonheurs, comme mes enfants, mon épouse et...
- Et on va en parler, justement, mais ce jour-là, il faut rappeler que votre famille est massacrée, devant vous, que vous êtes le seul survivant et que vous allez courir et marcher pendant des jours et des jours avant de trouver un peu de nourriture qui sera le meilleur repas de votre vie.
- Oui, oui, oui, j'en parle dans le livre, parce que j'ai une conversation, j'ai un échange avec mon père sur le bonheur de l'homme ou de la femme, qui est une cible qui bouge pas mal, qui est toujours en déplacement, et il me rappelle de ce repas, justement, que je trouvais...
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Vous avez couru pendant des jours et des jours ? On a marché, c'est parti de ces foules qui marchaient du Rwanda vers l'ouest, vers le Zahir à l'époque, donc le Congo aujourd'hui, et sur la route, oui, j'étais affamé, puis il n'y avait pas de McDo sur la route, le manger était rare, et il y avait cette famille qui m'a partagé sa portion, sa ration, de patates, une patate bouillie, qui aujourd'hui, je trouverais...
- Aujourd'hui, je dirais que c'est un plat incomplet, je dirais qu'il manque un truc, là, c'est pas assez, il faut un peu plus de... ne fût-ce qu'un peu de sel, mais à ce moment-là, c'était le meilleur plat auquel j'avais jamais goûté, parce qu'il m'avait été offert à un moment où je ne l'espérais pas, déjà, par des étrangers que je ne connaissais pas, et c'est encore...
- Je vais vous donner encore une fois un exemple du fait que parfois, c'est dans le pire que le plus beau de l'humanité émerge.
- Oui, et c'est un moment aussi où vous n'espériez plus rien, parce que qu'est-ce que vous espériez ? Vous étiez seul, totalement perdu, sur ces routes ?...
Transcription générée par IA