Retranscription des premières minutes :
- On s'était donné un mois, un mois et demi pour sauver le couple si tu veux.
- Elle me dit non mais ça sert à rien, de toute façon ma décision est prise, je suis déjà très loin dans ma tête.
- On était un couple colocataire en gros si tu veux, c'est tout.
- On était là que pour la maison et les enfants et c'est tout.
- Après il y avait, moi elle ne me disait plus rien.
- Ce procès a été une épreuve très difficile et à cet instant je pense en premier lieu à mes trois enfants, David, Caroline et Florian.
- Je n'étais pas dans la voiture de Bernard.
- Je n'ai jamais été sur les planches, tout ça.
- Au lieu de quand ça a été noyé, je n'ai jamais été là.
- Je ne connais pas les planches, nous deux seuls.
- Bernard est innocent, mon beau-frère il est innocent.
- Je n'ai jamais été avec mon beau-frère.
- Et ce procès du jubilat, bien entendu, qui repose sur cette condamnation uniquement sur l'intime conviction, je m'adresse à vous, Philippe Bilger.
- Est-ce qu'il y a...
- Est-ce qu'il y a dans cette intime conviction quelque chose d'humain ? Oui, alors ce qui me gêne dans la question de Sud Radio, et pourtant par nature excellente, c'est le fait qu'elle laisse croire que l'intime conviction, c'est une sorte d'impression, comme ça, qui conduirait les jurés à condamner.
- Mais intime conviction, quand on connaît un peu l'étymologie latine, ça veut dire une certitude qui n'a pas...
- qui n'a pas besoin d'être démontrée.
- Et en réalité, avec la motivation des cours d'assises et le très long délibéré de 6 heures, qui a vu probablement s'entrechoquer l'argumentation des accusateurs, ils étaient deux au demeurant très remarquables, et l'argumentation des deux avocats, ils étaient deux apparemment très remarquables aussi, comme le monde l'a dit.
- Eh bien, nous avons ici...
- 6 heures où les présomptions ou les preuves, parce que des présomptions, à la fin d'un débat, deviennent des preuves, pour l'accusation et une destruction de preuves pour la défense, sont abouties à la condamnation de Cédric Jubilat.
- Je n'aurais pas la prétention, n'ayant pas été au procès, et n'ayant pas été naturellement accusateur, de considérer que les preuves...
- en faveur de Cédric Jubilat étaient dérisoires ou insuffisantes.
- Je constate simplement que les éléments à charge, et qui ont été multiples, notamment la personnalité déplorable de l'accusé, ont emporté la conviction du jury au bout de 6 heures, avec 30 ans de réclusion.
- Et donc, je ne...
- Je crois que de cela, je comprends la condamnation, mais bien sûr, ça ne veut pas dire que les plaidoiries en face n'ont pas été bonnes.
- La parole est à la défense, Maître Jean-Yves Leborgne.
- Je crois qu'il faut se souvenir du fait que l'intime conviction, qui est dans la loi, c'est l'article 353 du Code de procédure pénale, appartient à un autre temps.
- C'est un texte du XIXe siècle, et qui, en quelque sorte, montre bien que l'intime conviction prend la place de la preuve.
- C'est-à-dire que la loi...
- La loi ne demande pas compte aux juges des moyens par lesquels ils se sont convaincus.
- Elle ne leur demande pas de justifier la plénitude et la suffisance d'une preuve.
- Elle leur demande de s'interroger dans le recueillement et le silence.
- Avez-vous une intime conviction ? Ça appartient à un temps où, finalement, le recueillement, le repli sur soi, pouvait, en quelque sorte, amener une révélation, une grâce.
- Et voyez-vous, j'ai un peu...
- J'ai le sentiment qu'aujourd'hui, l'intime conviction, c'est ce qui prend la place de la preuve, quand elle n'existe pas, c'est cette forme de certitude intime.
- Peut-on, dans des cas aussi graves, avoir recours à ce qui est peut-être une certitude intime, mais qui ne repose pas sur des faits objectifs ? Il y a là un véritable problème.
- Vous savez, je me souviens d'une vieille...
- Alors, nous n'étions pas en cour d'assises, nous n'étions pas dans une affaire de meurtre ou de disparition de personnes.
- C'était un banal vol, où le président, revenant après le délibéré, regarde mon client, je m'attendais à une condamnation, il lui dit, bon, allez, le tribunal vous relaxe.
- Mais attention, hein, recommencez pas.
- Mais...
Transcription générée par IA