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Par avec Jean-Paul Brighelli

Classement PISA : le niveau des élèves français dégringole...


Ce mardi, l'OCDE a publié les conclusions de son rapport PISA, le fameux Programme international pour le suivi des acquis des élèves, et les nouvelles sont mauvaises pour la France. Le constat est sans appel : "Dans l’ensemble, les résultats de 2022 sont parmi les plus bas jamais mesurés par l’enquête Pisa dans les trois matières en France", c'est-à-dire en mathématiques, en compréhension de l'écrit et en sciences. Pourquoi ? Comment y remédier ? Les annonces faites par Gabriel Attal dans la foulée seront-elles suffisantes ? Pour en parler, André Bercoff reçoit Jean-Paul Brighelli, essayiste et auteur de "L'école à deux vitesses" (éd. de l'Archipel).
Les invités

Accompagné d'un invité expert, André Bercoff détaille pour vous, du lundi au jeudi, un fait marquant de l'actualité du jour. À retrouver sur Sud Radio et en podcast.

André Bercoff avec Jean-Paul Brighelli

Retrouvez ci-dessous la retranscription automatique des 5 premières minutes de votre émission :

"Le sacré Charlemagne qui a eu cette idée folle, un jour d'inventer l'école."

André Bercoff : Oui, d'accord, d'accord, d'accord, c'est le sacré Charlemagne qui a eu cette idée folle, un jour d'inventer l'école. Mais vous seriez capable d'articuler, vous, moi, si on n'a pas inventé l'école. En tout cas, il se passe quand même des choses assez préoccupantes, quand même. Le fameux classement Pisa, vous savez, fameux classement Pisa, eh bien le classement Pisa vient de sortir en 2023 par rapport à 2022. Eh ben, c'est pas vraiment ça. Baisse significative en mathématiques, en français et en sciences. Je veux vous dire, par rapport à 2018, en 5 ans, 5 ans, eh bien, la France a baissé en maths moins 21. En français moins 19, lecture, etc., et en sciences moins 6. Quand même, on se classe aujourd'hui au 23ème rang, certes devant l'Italie et les États-Unis, mais derrière la Corée du Sud, Singapour, le Japon, le Canada, les Pays-Bas, etc., etc. Alors, qu'est-ce qui se passe ? Eh ben, on est à la peine, on est à la peine et on a demandé à quelqu'un qui a écrit des livres qui ont été très remarqués, très lus, très achetés, "La Fabrique du Crétin". Jean-Paul Brighelli, partons, bonjour, et je rappelle votre plus récent livre, "L'école à deux vitesses" aux éditions de l'Archipel. Jean-Paul Brighelli, alors ce classement Pisa, ça signifie vraiment, est-ce que ça indique vraiment la température ?

Jean-Paul Brighelli : Alors, André Bercoff, vous avez remarqué que personne ne s'est étonné de ce classement, personne. Tout le monde, y compris le ministre, attendait que la France soit encore une fois tombée dans les abysses, enfin pas tout à fait les abysses, nous sommes dans le ventre mou de l'OCDE, une petite moyenne ou quelque chose comme ça, très très très loin des tigres d'Extrême-Orient. Bon, alors il y a plusieurs choses. Premièrement, ça mesure ce qui s'est passé pendant la crise du Covid. Nous Payons le fait que le gouvernement a cru bon, a cru intelligent, a cru malin de fermer le système scolaire pendant pratiquement un an et demi. Bon, ça c'est première chose. Et je peux vous assurer que les élèves qui sont pris ça plein de face sont actuellement en grande partie inscolarisables. Voilà, c'est fini. Je rappelle que...

"Et pour l'ignorance, si Pisa mesurait l'ignorance, nous serions champions du monde."

André Bercoff : À ce point, vous dites c'est fini, inscolarisable. Vous dites inscolarisable, vous dites c'est fini, Jean-Paul Brighelli.

Jean-Paul Brighelli : Ah oui, inscolarisable. Essayez de faire classe dans une classe de quatrième ou troisième, on va dire standard, pas dans un quartier favorisé, etc. et vous me donnerez des nouvelles. Bon, ça c'est première chose. Deuxièmement, il faut voir qu'on s'acharne sur les maths. Bon, très bien. Effectivement, ça reprend une information qui était tombée il y a un mois à peu près, demandant à des élèves de sixième combien il y a de quart dans trois quarts. 50% n'avaient pas su répondre parce que les fractions sont plus étudiées à l'école primaire. Bon, c'est une première chose. De la même façon que 1 plus 0,1 ça fait 11. Tout le monde sait ça parce que les décimales ne sont pas étudiées non plus. Mais ce qui compte justement, c'est que c'est la lecture qui est en déficit terrible. Je rappelle que la maîtrise du français contrôle absolument toutes les autres disciplines. (Bien sûr.) Que lire un problème de maths, c'est a priori une question de français. Bon, alors cela étant dit, on connaît les causes. Ça a commencé dès les années 90, cette descente aux enfers de la pédagogie. Ça a commencé avec les UFM, ça a commencé avec le pédagogisme, ça a commencé avec l'élève au centre qui construit lui-même ses propres savoirs. Effectivement, c'est comme dit Jean-Claude Michéa, "c'est le reine de l'enseignement de l'ignorance". Et pour l'ignorance, si Pisa mesurait l'ignorance, nous serions champions du monde. Non, ce qui est intéressant à mon sens, ce sont les réactions immédiates de Gabriel Attal qui les avaient préparées. Je peux vous dire que quelqu'un au ministère a lu mon dernier livre, "l'École a deux vitesses", et a pioché un peu au hasard dans les propositions des dernières pages.

André Bercoff : Vous voulez dire, juste pour aller dans votre sens, Jean-Paul Brighelli, Gabriel Attal a annoncé la couleur, un redoublement décidé par les enseignants. (...)

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