Retranscription des premières minutes :
- Midi 14h, Sud Radio, la France dans tous ses états, le face-à-face.
- Nous recevons Jean-Pierre Jouyé. Merci, Jean-Pierre Jouyé, d'avoir accepté cette invitation.
- Vous êtes auteur de « L'ombre du général » aux éditions Albin Michel.
- Alors le général de Gaulle, publié chez Plomb, et vous avez des liens, je crois, amicaux avec la famille Sménard, enfin, et Albin Michel.
- C'est pour ça que vous avez choisi cet éditeur remarquable.
- J'allais dire « L'ombre du général », j'aurais titré « L'implacable du diagnostic ».
- Alors c'est un autre ouvrage, c'est une somme, c'est un document historique, c'est un traité politique, c'est une chronique journalistique, vous avez peut-être resté votre vocation, qui décrypte sans ménagement, j'allais dire, les absurdités, les aberrations des différentes gouvernances dont le pays est victime aujourd'hui depuis... Bon, vous racontez que vous êtes né sous le général de Gaulle, vous êtes né en 57, je crois, mais je suis né en... Avant. Avant. Moi, je suis né en 52. Nous avons grandi un petit peu sous le même aura gaulliste.
- Bien. Et puis on a vu évoluer, voilà, l'État et ce qu'est devenu la République. C'est un peu une suite pertinente du « Mal français » écrit par Alain Perfit en 1976, qui commençait lui-même à signaler les dysfonctionnements de la République. On se dit que la République est une institution parfaite.
- Elle commençait déjà à avoir des défauts. Et là, on conclut avec vous, on voit qu'effectivement, les choses ne se sont pas arrangées et qu'il y a un délit de moins institutionnel.
- Et on va comprendre pourquoi c'est peut-être lié à la personnalité, c'est peut-être lié à la fonction de ceux qui ont succédé au général de Gaulle.
- Jouyez. On va camper un décor un peu. Je vais vous faire une fiction pour nous mettre un petit peu dans l'esprit.
- Alors on va considérer que dans cette pièce, il y a à ma place le général de Gaulle qui est assis. Face à lui, nous avons Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, qui viennent du purgatoire, qui sont faits un petit tour. Nous avons Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron.
- Et le général de Gaulle s'adresse à eux, reprenant la célèbre phrase du général Bonaparte, interpellant les membres du directoire, le matin du 18 brumaire, en deux, avant de faire son compte d'État, quand il leur lance « Qu'avez-vous fait de cette France que je vous avais laissée si brillante ? » Et à ce moment-là, les six présidents se retournent vers vous et vous disent « Jean-Pierre Jouyé, qu'est-ce qu'il faut lui répondre ? » Ce qu'il faut lui répondre, c'est que les institutions qu'il a créées et qui ont été mises en place ont été par la suite modifiées par les pratiques qu'ils ont suivies les uns et les autres.
- C'est-à-dire que vous n'avez pas... L'esprit du général de Gaulle, c'est lui le concepteur de la Constitution avec Jean Foyer et Michel Debré.
- On sait les raisons pour lesquelles, après la quatrième république, il veut que le pouvoir exécutif soit fort pour évacuer, pour éviter, j'allais dire, la république des partis, l'influence des partis. Et on est en train d'y revenir paradoxalement.
- Votre livre arrive à un moment de l'histoire extraordinaire.
- Je ne sais pas s'il y a eu une prémonition, mais vous apportez des précisions et vous signalez des situations qui sont en totale conformité avec l'actualité.
- On l'a toujours dit, cette Constitution était faite à l'image du général de Gaulle et il n'y a que lui qui savait finalement bien l'utiliser.
- Georges Pompidou aussi.
- Très bien utilisé.
- Aujourd'hui, effectivement, quand on voit le message du général de Gaulle et son héritage, on est loin du gaullisme.
- Pourtant, moi...
- Alors, est-ce que vous êtes profondément gaulliste ou gaullien, ou j'allais dire gaullophile ? Votre parcours politique est quand même d'une extrême diversité.
- Vous avez accompagné, soutenu ou servi des présidents de la République qui n'étaient pas forcément dans la continuité du gaullisme historique par rapport aux questions de souveraineté, de patriotisme, de rôle de la France dans le monde et en Europe.
- Vous avez vécu ça de très près.
- Et pourtant, vous dites, il faudrait y revenir ou...
Transcription générée par IA