Retranscription des premières minutes :
- AGP, association d'assurés engagés et responsables, présente Sud Radio, le grand matin week-end, la force de l'engagement, Muriel Reus.
- Bonjour à toutes et à tous. Ce matin, deux voix essentielles pour nommer l'indicible.
- Karine Dussour, co-réalisatrice du documentaire Choc diffusé sur Netflix de rockstar à tueur, le cas Bertrand Cantat.
- Yael Melul, ancienne avocate, présidente de l'association Femmes et Libres, qui s'est battue pour faire reconnaître le suicide forcé comme conséquence directe des violences psychologiques conjugales.
- Avant de leur donner la parole, commençons comme chaque dimanche par un engagement.
- Ce matin, je vous propose celui de la lutte contre les suicides forcés.
- En 2023, 1185 femmes sont mortes en France de féminicides directs, mais aussi par violence, par emprise, par peur.
- Des morts qui dérangent parce qu'elles ne s'inscrivent pas dans des catégories habituelles.
- Des morts silencieuses, sans armes visibles, sans sang, que l'on enterre trop vite.
- Des morts que l'on présente comme des décisions individuelles, mais où la violence a creusé longtemps, patiemment, dans les plis de l'intime, et qui sont parfois l'ultime étape d'une destruction programmée.
- Ces mots-là portent un nom, suicides forcés.
- Ce ne sont pas des jettes solitaires, ce sont des effrontements psychologiques patiemment orchestrés, dévirongés par l'emprise, par une mécanique, un système, celui de l'isolement, de l'effacement progressif de la volonté de vivre, et qui conduisent des femmes épuisées à être réduites à néant dans l'intimité d'un couple.
- Depuis 2020, la loi française reconnaît que le harcèlement conjugal peut conduire au suicide.
- En janvier 2024, un amendement porté par Sandrine Josseau dans la loi d'Aurore Berger a ouvert la voie à une avancée majeure, la reconnaissance du contrôle coercitif dans le code pénal.
- Une étape, une prise de conscience essentielle, majeure.
- Car jusqu'à présent, seules quelques condamnations pour harcèlement ayant conduit au suicide étaient prononcées chaque année.
- Neuf en 2023.
- Pas parce que les faits n'existent pas, mais parce que nous ne savons pas encore bien les voies, les qualifier, les documenter.
- Et si l'autopsie dit comment, elle ne dit jamais pourquoi.
- Elle ne dit pas si derrière ce geste, il y a eu une main invisible, une parole des souffrances, une peur quotidienne.
- Alors, s'engager pour lutter contre les suicides forcés, c'est poser une exigence.
- Celle d'une enquête rigoureuse, qui regarde au-delà du geste.
- Celle d'une justice formée, capable de nommer le contrôle coercitif et de désigner les responsabilités.
- Celle d'un changement culturel, qui sache enfin de demander à la victime pourquoi elle n'est pas partie.
- Et commence à demander à l'auteur ce qu'il a mis en place.
- Pour qu'elle ne puisse pas partir.
- Enfin, pour que la justice puisse affirmer, ce suicide n'est pas un hasard.
- C'est une conséquence, une responsabilité.
- Chaque jour, en France, trois femmes meurent.
- Sous les coups de leurs compagnons ou ex-compagnons.
- Ou parce qu'un harcèlement invisible les a poussées à ne plus pouvoir vivre.
- C'est bien cela que nous devons regarder en face et transformer.
- Karine Dufour, bonjour.
- Bonjour.
- Vous êtes co-réalisatrice du documentaire de rockstar à tueur, le cas Bertrand Cantat, diffusé sur Netflix.
- Ce film a provoqué un électrochop.
- Il dit l'indicible.
- Comment la violence peut s'installer dans l'intimité, sous couvert d'amour, de charisme et de notoriété.
- Et comment une société entière peut détourner le regard.
- Bonjour Yaël.
- Bonjour Muriel.
- Vous êtes ancienne avocate, présidente de l'association Family.
- Vous êtes une des premières à avoir porté la notion de suicide forcée dans le débat public.
- Et avoir tenté de faire reconnaître juridiquement, notamment à travers deux plaintes, cette notion concernant la mort de Christina Rady.
- Alors, merci d'être avec nous ce matin.
- Karine, pourquoi ce documentaire aujourd'hui, 20 ans après les faits ? Qu'est-ce qui a motivé à remettre cette affaire sur la table, alors qu'elle semblait appartenir à une mémoire déjà classée ? Nous voulions rendre hommage à la mémoire de deux femmes.
- Marie Trintignant et Christina Rady, ensevelies sous un narratif d'un monde ancien, je pense.
- Et donc c'était tout l'enjeu, c'était de raconter comment en 2003 et en 2010, ça avait été vu comme des accidents, des tragédies.
- Et comment aujourd'hui, on peut re-regarder différemment.
- Il ne s'agit pas de rejeter.
- Il s'agit de juger un homme, mais de regarder différemment...
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