Si officiellement la partie ne change pas et que la grève continue, il semble tout de même que les syndicats soient entrés dans une nouvelle phase. Tout d'abord, le dialogue se fait au niveau confédéral, ce sont les dirigeants des syndicats qui se sont rendu lundi à Matignon. Touts ont tenu ) être là, y compris le chef de FO, qui n'avait pas reçu d'invitations. L'impair a été réparé.
Ensuite, notons qu'ils ont été reçus séparément. Cette méthode est fondamentale dans la stratégie du gouvernement. Elle permet d'adapter la stratégie en fonction des intérêts de chaque syndicat. Les discussions se font portes fermées en toute liberté - très pragmatique - et sans le jeu de rôle imposé par la présences des autres partenaires, comme lorsque l'on fait une table ronde. Cela permet ainsi à Laurent Berger (Secrétaire général de la CFDT) de dire à la sortie que nous entrons dans une deuxième phase. Un message important, destiné justement aux initiés.
Cependant, le Premier ministre ne changera pas d'avis sur les fondamentaux de la réforme. Alors pourquoi dire que l'on entre dans une nouvelle phase ? Depuis le début de ce conflit, on a l'habitude de se concentrer sur les deux points assez "grand public", à savoir le statut des cheminots et l'ouverture à la concurrence. Mais il y en a un troisième : la mutation du statut d'entreprise de la SNCF en société anonyme qui, en réalité, focalise l'attention des syndicats. Pourquoi ? parce qu'à côté des modalités de la reprise de la dette par l'État, il y a également des discussions qui portent sur la manière dont les syndicats vont vivre et être représentés dans une société anonyme. Ce qui est très différent du régime dans une entreprise publique. Comment vont-ils être représentés ? Selon quels critères ? Quel sera le budget ? En clair, ce qui mobilise les syndicats, c'est tout simplement la survie de leur fonctionnement au sein d'une société anonyme SNCF. Cela veut dire que le passage à la concurrence est accepté. Ce dont discutent les syndicats, en réalité, ce sont les modalités de vie dans la nouvelle structure. Ils ont donc, de fait, accepté ce passage à la concurrence.
On comprend donc pourquoi Laurent Berger envoie ce signal. Il va falloir que les syndicats soient créatifs et persuasifs pour expliquer à leurs troupes qu'il va peut-être falloir arrêter un jour ce conflit. Mais pour l'instant, personne ne peut se risquer à mettre sur pied un calendrier. Le texte peut être finalisé mais ne sera pas retiré, a assuré Édouard Philippe.
La partie entre le gouvernement et les syndicats entre, peut-être, dans sa phase la plus délicate.