Dominique Strauss-Kahn est réapparu hier en commentant les dix ans de la crise de 2008 pour l’AFP…
Et comme beaucoup de personnalités de son envergure, il redoute qu’un nouveau krach ait lieu dix ans après la crise de subprimes et la faillite de la banque Lehman. L’ancien patron du FMI explique surtout que nous ne sommes pas armés pour faire face à un nouveau krach. À partir de 2012-2013, on a abandonné l’idée de se mettre d’accord au niveau mondial sur la nécessité d'une économie régulée, par exemple sur la taille des banques ou sur les agences de notation a-t-il expliqué dans un long entretien à l’AFP. Avant d’ajouter : « On est totalement revenu en arrière, d'où mon pessimisme sur notre préparation. On est dans une sorte d'impensé de la globalisation et cela ne donne pas de bons résultats. »
Et vous êtes d’accord avec cela ?
Bien sûr. Mais honnêtement je crois que tous ceux qui connaissent bien ces sujets pensent et affirment les mêmes craintes que DSK. Pour deux raisons. Parce que les banques sont à la fois trop puissantes et pour certaines d’entre elles bien trop fragiles. D’où l’hypothèse d’un nouveau Lehman. Et puis surtout parce qu’en 2008 et 2009 il y a eu deux pompiers pour éteindre l’incendie. La Réserve Fédérale aux Etats-Unis et la BCE en Europe qui, toutes les deux ont déversé toutes les liquidités possibles auprès des intervenants économiques. Mais depuis, elles n’ont pas reconstitué leurs réserves. Si bien que s’il y a un nouveau krach, ces deux pompiers de la finance mondiale sont complètement à sec.
DSK explique aussi que cette crise de 2008 est à l’origine de la montée des populismes dans le monde occidental…
Il a un raisonnement intéressant en expliquant que les riches sont sortis encore plus riches de cette crise et les classes moyennes encore plus fragiles. Globalement sur ce point il n’a pas tort. Mais le populisme s’est beaucoup nourri des phénomènes migratoires avec l’immigration clandestine des mexicains aux Etats-Unis et des réfugiés ou des migrants d’Afrique et du Proche-Orient en Europe. A cela s’est ajouté le fait que la Mondialisation a fait croire à beaucoup de citoyens que leur identité était menacée. C’est pourquoi je serai plus nuancé que DSK sur ce sujet qui est tout de même très préoccupant. Comme le montrent les élections d’hier en Suède et la montée de l’extrême-droite.
Que fait DSK aujourd’hui ?
Il est installé au Maroc, où il a installé sa société de conseil qui s’appelle Parnasse. Il se partage entre Casablanca et Marrakech. Il est très sollicité par des chefs de gouvernement africains afin de redresser leurs comptes publics ou bien pour obtenir des subsides du FMI. Je ne vous cache pas qu’il gagne très bien sa vie. Et puis, ce que l’on sait peu, c’est qu’il parle beaucoup avec Emmanuel Macron au téléphone. On ne le voit jamais à l’Elysée. Mais ils échangent sur la conjoncture mondiale ou sur les questions de protectionnisme. D’autant plus que notre chef de l’Etat s’est entouré de nombreux conseillers qui ont tous, un jour, travaillé avec DSK, à Bercy ou au FMI. Mais en dehors de parler avec notre Chef de l’Etat il a rompu avec la France où il ne vient presque plus. D’autant plus que ses affaires judiciaires sont désormais toutes terminées.