Je ne sais pas pour vous, mais moi, je n’ai toujours pas compris comment tout ça allait se combiner. Pour les salariés en CDI, on voit à peu près, mais pour les autres ? Dans le journalisme, par exemple, tous ces pigistes qui ont plusieurs employeurs, des revenus variables d’une année à l’autre, d’un mois à l’autre… Sur quelle feuille de paie sera prélevé le montant de l’impôt ? Si, en plus, leur conjoint a des revenus très différents des leurs, et s’ils emploient un salarié à domicile, ça devient un casse-tête. Bref, il y a un certain nombre de gens qui appréhendent. La supposée simplification va se changer en imbroglio pour certains. Mais le pire n’est pas là. La transition va surtout être violente pour le gouvernement.
Le changement va d’abord faire des mécontents, et c’est la grande angoisse de la majorité. Quand il est question d’argent, on sort du domaine du rationnel : le ressenti est au moins aussi important que la réalité. Bien sûr, au bout du compte, le pouvoir d’achat des Français sera rigoureusement le même. Ce qu’ils perdront sur leur feuille de paie, ils n’auront pas à le débourser en impôts. D’ailleurs, pour ceux qui sont mensualisés, cet argent part de toute façon tous les mois. On peut donc s’imaginer que ceux qui comptent ce qu’il leur reste dans le porte-monnaie ou sur le compte en banque le 31 du mois constateront immédiatement qu’ils y trouvent la même somme qu’avant. Mais le cerveau du contribuable ne fonctionne pas exactement comme ça. La feuille de paie, c’est un symbole. Et le gouvernement, qui espérait que les coups de pouce au pouvoir d’achat commenceraient à se voir en fin d’année avec le cumul de la baisse des charges salariales et de la suppression de la taxe d’habitation, se dit que tout ce crédit va disparaître le 31 janvier 2019 quand tout le monde aura sa fiche de paie nouvelle formule.
Mais il n’y a pas grand-chose à faire. C’est un cadeau empoisonné de François Hollande. Certains sont même en train d’anticiper une baisse de la consommation provoquée par le traumatisme. Même un an et demi après son départ, François Hollande arriverait à plomber l’économie ! Mais le problème est ailleurs. Sous couvert de modernité – parce que, comme d’habitude, c’est le seul argument qu’on nous sert – on met en place un outil supplémentaire de contrôle des citoyens.