Marion Maréchal a lancé son école de cadres, elle était hier soir à un colloque intitulé "Débranchons Mai 68". En retrait de la politique, ou pas ?
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle déchaîne les passions. Pas seulement dans son propre camp. En fait, les médias adorent se faire des frissons en racontant ses pérégrinations américaines, en rapportant les éloges que lui adresse Steve Bannon, l’ancien conseiller très à droite de Donald Trump. Pourquoi ? Parce que Marion Maréchal, contrairement à sa tante, est structurée idéologiquement, et que ça se voit. Elle a visiblement compris que la politique telle que nous l’avons connue, avec des vieux jeunes qui grenouillent dans des partis et finissent en apparatchiks usés, c’est le passé. Et contrairement à Marine Le Pen, elle ne s’imagine pas qu’il suffit de capitaliser sur la colère des laissés pour compte pour réussir. Elle a compris qu’en politique, il faut d’abord un corpus idéologique, une vision de la société, de ses évolutions, une conception de l’homme et des rapports sociaux, et que le programme, le parti, les élections, ça vient après. Donc, elle ne revient pas en politique, elle pose les bases d’une offre politique.
Il y a clairement un retour de bâton idéologique : être taxé de conservatisme, pendant des années, c’était une insulte. Et puis, face aux excès d’un progressisme quasi religieux, l’idée s’est imposée qu’il était nécessaire de repenser tout cela. C’est un peu ce qu’a voulu faire François Fillon : proposer une offre à la fois libérale et conservatrice. On peut penser que c’est contradictoire dans les termes, mais on a vu qu’il y avait une attente à droite. Sauf que Marion Maréchal s’inscrit dans un courant qui n’est pas seulement conservateur mais qui est réactionnaire au sens originel. Contre révolutionnaire. Elle est capable de prononcer par réflexe des phrases comme "Mélenchon, c’est l’ennem". Parce que derrière Mélenchon, il y a pour elle le communisme, mais aussi la révolution française, les Lumières…
Elle est clairement en train de prendre date. Pour 2022 ? Pour 2027 ? Ca dépendra sans doute des circonstances, et des résultats obtenus par Emmanuel Macron. Mais elle a une chance inouïe : c’est que l’Union Européenne va continuer à imposer le libre-échange jusqu’à ce que les dégâts deviennent insupportables aux classes moyennes et populaires, et que le progressisme sociétal va continuer à servir d’idiot utile au néolibéralisme en détruisant les bases culturelles de ces classes moyennes et populaires. Alors, elle n’aura qu’à apparaître, ils lui auront tous préparé le terrain.
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