Les gilets jaunes eux-mêmes se posent la question car pour demain, il n’est pas seulement question de défiler à Paris et en région. Il est question de réinvestir les ronds points et de faire des barbecues anti-Macron. Clin d’œil à l’arrivée des beaux jours mais surtout au 2ème anniversaire de l’arrivée du Président à l’Élysée. Les gilets jaunes ne lâchent rien. Pour deux raisons. C’est devenu un art de vivre d’être gilet jaune. Le rituel du samedi, la redécouverte de la fraternité, le « tous ensemble dans la même galère » et la revendication toujours pertinente du pouvoir d’achat.
La seconde raison pour laquelle ils ne lâchent rien : malgré les annonces d’Emmanuel Macron, le réfrigérateur est vide pour certains, le 20 du mois. Bientôt six mois de crise. Rien ne change dans leur quotidien. Alors pour les gilets jaunes, cela a toujours un sens de manifester. D’autant qu’Emmanuel Macron a cédé à la violence début décembre et qu’il vient de les conforter en annonçant des baisses d’impôts pour la classe moyenne. Qu’importe si la tension s’invite dans les défilés. Pour certains gilets jaunes, la violence devient un moyen de médiation comme un autre. La mobilisation va donc continuer même si les demandes deviennent irrecevables.
Ah bon ? Quelles demandes seraient irrecevables ?
Le RIC - le référendum d’initiative citoyenne. On ne peut pas gouverner sous le coup de la révocation permanente. Emmanuel Macron a été élu démocratiquement. Ceux qui restent mobilisés veulent sa destitution. Même si le président est impopulaire, on n’en est pas encore en France à vivre sous la dictature d’une minorité. Par ailleurs le chef de l’Etat annonce une dose de proportionnelle, moins d’élus, une réflexion sur un nouvel acte de décentralisation. Certes, rien de décoiffant pour donner un nouveau souffle à notre pays et pas d’effet « Wahouh » sur le pouvoir d’achat.
Mais n’oublions pas la défiscalisation des heures supplémentaires, la prime de fin d’année dont 2 millions de salariés ont profité à hauteur de 500 euros, la suppression de la taxe d’habitation pour 80% de ceux qui la payaient. Il serait raisonnable de juger Emmanuel Macron dans six mois. Mais la crise est devenue politique et les gilets jaunes ont, eux, toujours les yeux rivés sur la fin du mois.