Alors que le dialogue va commencer entre les zadistes et l'État et que la grève de la SNCF continue avec des perturbations et des grévistes moins nombreux. Le dossier chaud est celui des universités. Et il s'étend au sein du ministère et du gouvernement…
Un nouveau personnage est apparu : Georges Haddad, le président de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne dont dépend Tolbiac. On pourrait le surnommer le procureur Tolbiac. Ses déclarations et révélations hier matin sur CNews ont provoqué une onde de choc et un début de panique au sein du ministère de l'Enseignement supérieur. Haddad, qui ne s’embarrasse de la langue de bois, a révélé ce qu'il se passe au sein de la tour de Tolbiac. Jugez plutôt : "C'est un vrai capharnaüm. La violence, la drogue, le sexe même (...) et des fêtes, ce qu'on appelle les rave-party". L'intéressé dénonce un climat insurrectionnel dans la fac et supplie les forces de l'ordre d'intervenir dans ce qui ressemble en fait, à l’en croire, à une Zad - pour Zone académique à dégager -
Problème : dans la fac la plus bouleversée et, selon ses dires, transformée en camp retranché, les forces de l'ordre refusent d'entrer. Le président lui-même a confirmé ce refus en expliquant que celui-ci était dû à la topographie du lieu. Il s'agit en effet une tour et l'intervention serait dangereuse. On l'a compris, le pouvoir préfère le statu quo à un drame éventuel.
Il faut savoir que les paroles du président de Paris 1 ont déclenché plusieurs réactions en coulisses. D'abord l'Élysée a félicité Haddad pour ses propos fermes et son soutien affiché au président de la République, tandis que du côté du ministère de l'Enseignement supérieur - chez Brigitte Vidal - on a accusé le coup.
Que peut-il se passer ? Ses déclarations vont-elles rester sans effet ? La pression est montée d'un cran au ministère et la question est désormais de savoir s'il faut, oui ou non, reporter les examens ? Haddad plaide en ce sens mais Vidal, qui a en tête les propos présidentiels ( "pas d'examens en chocolat' ndlr), veut les maintenir et a même proposé qu'ils soient tenus dans un lieu secret. Sauf que les étudiants doivent être prévenus 15 jours à l'avance donc le risque de fuite de l'endroit est trop important. Les réunir dans un lieu symbolique de la République sous bonne garde s'avère compliqué.
Pour l'instant pas de solution en vue. Surtout, les déclarations de Haddad - soutenu par l'Élysée - passent pour un désaveu de la ministre et aiguisent certains appétits au sein du ministère de l'Éducation nationale, certains plaidant discrètement pour l'extension du périmètre de Blanquer sur les universités.
Une fois de plus, la question des ministres techniques compétents tant que l'orage ne gronde pas est de nouveau posée. Alors que les syndicats sont à la recherche d'un nouveau souffle pour faire partir l'incendie social, les universités deviennent un lieu stratégique désormais. Pour l'heure, les étudiants ne sont pas encore dans la rue. Le paradoxe, c'est que le blocage des facs est un succès relatif de l'extrême gauche car il met en lumière son isolement. Pas de courroie de transmission sur les autres secteurs et pas d'agrégat des mécontentements à partir des universités.
Les syndicats vont tenter une nouvelle fois d'y parvenir lors de la journée d'action du 22 mai, mais c'est encore loin...
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