Régulièrement, on a droit à ce type d'événement organisé par la monarchie britannique qui attire les caméras, fait la Une de la presse "people" et qui permet un moment de cohésion nationale. Et nous, pendant ce temps, nous en sommes encore à nous demander si nous avons bien fait de décapiter notre roi, en oubliant d'ailleurs que les Anglais l'avaient fait avant nous.
Il faut se souvenir de l'interview d'Emmanuel Macron lorsqu'il était encore ministre. Il affirmait : "La démocratie porte toujours une forme d'incomplétude car elle ne se suffit pas à elle-même. Dans la politique française, cette absence est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. La terreur a creusé un vide émotionnel imaginaire collectif : 'le roi n'est plus là !'". Tout le monde tourne autour de cette idée de l'incarnation en s'imaginant que seul un roi peut donner corps à ce qui nous unit. Au contraire, la tradition républicaine, c'est justement celle d'une sacralisation de la République et de ses institutions, de la Nation elle-même.
La monarchie telle que la pratiquent les Britanniques n'a plus rien à voir avec une quelconque dimension patrimoniale, on est dans la prise en charge du spectacle par des personnages dont le rôle est d'offrir un récit au peuple. C'est ce que l'on appelle un outil marketing. D'ailleurs, les retombées économiques de ce mariage sont évaluées à 230 millions d'euros et certains avancent même la somme d'un milliard. Alors, de fait, la République est plus austère, cela apparaît moins adapté à une époque ou même un pays doit savoir se vendre et raconter une histoire. Et là, dans le cas du prince Harry et de Meghan Markle, l'histoire a tout pour plaire à l'époque. Une américaine métisse et divorcée. On peut nous jouer le couplet de la modernité, de la transgression des règles, des codes, le scénario est parfait !
Mais, depuis le Brexit, plus personne ne peut prétendre que la monarchie britannique permet une cohésion de la nation dont serait privée la République française. En fait, les fractures sont les mêmes, la colère des laissés-pour-compte aussi. Et aucun mariage princier ne peut masquer les ratés de l'Union européenne, du libre échange. En revanche, les Britanniques ont su montrer qu'ils étaient encore attachés à leur souveraineté et peut-être que, finalement, c'est la monarchie qui leur a permis de le perpétuer.
>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast