Les réformes se poursuivent à un rythme soutenu, avec notamment le lancement de la consultation citoyenne sur les retraites mais aussi la loi logement. Et lundi prochain, un nouveau chantier sera officiellement ouvert par Édouard Philippe : l’audiovisuel public. Un nouveau champ de mines...
Info : dimanche soir, une dernière réunion de cadrage va se tenir à Matignon avec les patronnes de Radio France et de France TV, Sibyle Veil et Delphine Ernotte. Les patrons de France media monde et TV5 seront également présents. Objectif : fixer les derniers cadrages budgétaires qui ont donné lieu à d’intenses négociations. Il faut dire que Bercy avait placé la barre à un niveau très élevé. On était parti sur 1 milliard d’économies et 4 000 personnes quittant l’entreprise, mais le ministère de la Culture et Matignon ont tout de même réussi à faire baisser ces paramètres financiers. On s’approche plus aujourd’hui des 300/400 millions et 2 000 à 3 000 personnes concernées par un plan social. Un effort qui sera essentiellement porté par France TV.
Ensuite, il y a bien sûr la question de l’architecture : le nouveau concept, c'est le média global. On se dirige vers un regroupement des chaînes du service public déclinées sur tous types de supports du numérique et du digital. Des chaînes qui seront dirigées séparément mais sous la direction d'une présidence commune. La question du périmètre sera au cœur du débat explosif. Quelle chaîne sera supprimée ou fusionnée ? Est-ce que la chaîne d’infos "France Info va récupérer la fréquence de l’actuelle France 4 (Canal 14) promise à la disparition ? C’est le projet de l’exécutif qui déjà soulève une polémique car les chaînes BFM et LCI ne veulent pas entendre parler d’une nouvelle chaîne d’info sur la TNT qui prendrait le canal 14 c’est à dire, dans l'ordre, devant BFM, CNEWS et LCI.
Une réforme politiquement très sensible. La télévision publique, c'est un sujet presque tabou. Le maître mot à l'Élysée : efficacité. On considère cette réforme comme trop longtemps différée. 11 000 personnes salariées de la télé publique, c’est insupportable depuis des années au yeux de Bercy depuis des années, quels que soient les pouvoirs qui se succèdent.
Cette réforme devra aussi tenir compte de l’environnement politique, une partie de l'électorat est déconcertée par la politique gouvernementale, que certains considèrent comme étant à droite et susceptible de provoquer un conflit autour du service public, alors même que le texte sur les "fake news" est également sur la table.
D’où la question suivante : Emmanuel Macron va-t-il réorganiser un service public réellement calqué sur la BBC, là où la redevance est élevée et l’indépendance éditoriale garantie ?
Le fait est qu'il s'agit d'un sujet toujours inflammable pour un exécutif, même si les perspectives d’écran noir ne font plus peur.
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