Nouvelle polémique, et le mot est faible. Une nouvelle avalanche d'ironies et de critiques, plutôt. En particulier sur les réseaux sociaux, où l'opposition de gauche s'en est donnée à cœur joie pour épingler Emmanuel Macron et pour en rajouter une couche sur le thème du "président arrogant".
C'est un tweet, par exemple, de Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise, qui pose cette question : "Qui a jamais insulté plus odieusement les Français en difficulté ?"... Carrément !
Et c'est celui de la sénatrice socialiste Marie-Pierre de La Gontrie qui conclut, grave : "J'ai honte !"
Alors, on peut comprendre qu'ils se soient engouffrés dans la brève ouverte par le président, mais parler d'insulte et de honte, c'est tout bonnement excessif.
D'abord, sur la forme, il n'y a pas eu insulte. Juste un échange assez courtois. Le chômeur le remercie d'ailleurs poliment à la fin. Il faut avoir l'honnêteté de regarder la vidéo jusqu'au bout, et il faut le dire. Mais passons. À chaque fois qu'Emmanuel Macron dit franchement les choses et se refuse à la langue de bois, l'opposition force le trait et le caricature en personnage méprisant.
Je peux comprendre la critique qui porte sur le fait que le président propose à un jeune horticulteur d'aller chercher un job dans l'hôtellerie-restauration.
Et c'est vrai qu'il y a, presque explicitement, dans les propos du président, une idée un peu taboue en France selon laquelle si vous êtes "prêt et motivé" à changer de voie, à ne plus viser forcément ce que vous aimez ou ce pour quoi vous avez été formé, alors, oui, vous pouvez trouver du travail. En particulier dans les secteurs qu'il a évoqués, l'hôtellerie-restauration ou le bâtiment.
Je vais vous citer trois chiffres.
Le journal Les Échos évalue à 50 000, chaque année, le nombre d'emplois non occupés dans le seul secteur de l'hôtellerie-restauration, secteur pourtant en croissance et un des premiers employeurs de France. Il n'y a pas assez, par exemple, de boulangers, de pâtissiers, de serveurs...
Deuxième chiffre, Pôle Emploi jauge très officiellement à 200 000 le nombre de postes non-pourvus en France chaque année, et ce malgré le flux normal de démissions et de recrutements dans l'économie.
Enfin, le très socialiste et ancien ministre du Travail de François Hollande, François Rebsamen, disait même que c'était 400 000 emplois qui cherchaient preneur...
Est-ce que ce n'est pas plutôt ça, la honte, dans un pays de près de 4 millions de chômeurs ?