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La démocratie selon Emmanuel Macron

Depuis le début de la semaine, Natacha Polony dresse le bilan de la première année d'Emmanuel Macron à l'Élysée. Place, ce vendredi, à la conception du pouvoir du chef de l'État.

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Avec Emmanuel Macron, il y a toujours les discours et les actes. Les discours, ils sont impeccables. Souvenez-vous des discours qui accompagnaient la création d’En Marche ! On allait réveiller le peuple, c’était la démocratie participative, chacun était appelé à donner un peu de lui-même pour créer ce grand mouvement.

Aujourd’hui, à chaque interview, il nous parle de la verticalité du pouvoir. Et on la sent. C’est lui qui décide tout seul, avec ce côté monarque que ses conseillers adorent mettre en avant. Il faut lire le récent papier du Monde qui parle de cela et qui cite Bruno Roger-Petit, conseiller d’Emmanuel Macron, qui explique que son rapport au toucher est très spécifique, un toucher performatif. Le Roi touche et Dieu guérit. On rêve !

Il se complaît dans cette histoire monarchique de la France, tout simplement parce que ça implique un pouvoir qui le raccroche à l’Histoire mais qui aussi, chez lui, revêt un caractère d’efficacité.

C’est vraiment le Roi Soleil, Louix XIV, ‘L’État, c’est moi, parce que si c’est moi qui décide, ça va plus vite’.

Il se prive ainsi de se donner du temps mais aussi d’écouter les citoyens. Le fondement de la démocratie, c’est la participation de chacun à la chose publique. Or, ce qui est frappant dans la pratique du pouvoir d’Emmanuel Macron, c’est qu’on sent très bien qu’il est persuadé, et sans doute on le lui répète beaucoup, qu’il est plus intelligent et qu’il va plus vite que les autres. Du coup, il ne voit pas pourquoi il attendrait, il ne voit pas pourquoi il faudrait écouter, délibérer pendant des heures.

Décorrélé de la concertation et surtout de la capacité à faire vivre concrètement la démocratie. Ce n’est pas seulement une question de concertation, parce qu’on pourrait se dire, après tout, qu’effectivement, la France a été bloquée pendant des années par des corps intermédiaires et ça posait aussi problème, parce que ça niait une part de la démocratie, qui est celle de la volonté majoritaire des citoyens.

Mais lui, il efface les corps intermédiaire parce qu’il veut décider à leur place, pas pour donner du pouvoir aux citoyens, mais parce qu’il a décidé lui que ça devait aller dans ce sens-là.

Or, un des phénomènes majeurs que l’on a compris depuis quelques années dans tous les pays occidentaux, c’est, au contraire, l’aspiration démocratique.

Vous regardez le principal sujet de mécontentement, c’est significatif, c’est les 80 km/h. Symboliquement, ça traduit ce mépris et cette non-volonté d’associer chaque citoyen et de lui demander d’être autonome. Là, il ne lui demande pas d’être autonome, il lui dit ‘C’est comme ça, c’est pour votre bien et nous savons mieux que vous quel est votre bien’. C’est le contraire de la démocratie.

Écoutez la chronique de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard

 

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