Joyeux anniversaire Mr Édouard Philippe. Il fut un temps, ce dernier était l'un des plus proches collaborateurs d'Alain Juppé. Souvenez-vous, en 2002, lorsque l'actuel maire de Bordeaux (Gironde) avait créé l'UMP, Édouard Philippe en était le directeur général. Puis il est parti au Havre (Seine-Maritime) et, comme souvent pour les techno-énarques, il a réussi à transformer cette ville et a été réélu. Comme quoi, faire l'ENA n'est pas toujours un gage d'échec !
La surprise, dans le fond, c'est son arrivée dans la galaxie Macron en 2017. Deux jours avant sa nomination à Matignon, il y a tout juste un an, il avait été repéré à l'époque sur le quai du métro parisien entre les stations qui desservent le siège de l'UMP et le QG du futur président. Une photo avait été prise mais personne ne prêtait attention à cet homme qui pourtant, deux jours plus tard, allait être à la tête du gouvernement et faire exploser le paysage politique. Édouard Philippe, un élu expérimenté et inconnu, ça a été à la fois la prise de guerre et le coup de poker d'Emmanuel Macron. Un an après, le principal intéressé se définit de la sorte : "Je suis là pour faire du Macron, pas du Juppé".
Ce message est adressé à ceux qui, au sein de la majorité (les Macronistes issus des Marcheurs), contestent à voix basse sa légitimité. Beaucoup de ces derniers le critiquent sur le fait qu'il a toujours refusé de rejoindre LREM, et pointent son équipe de ministres technocrates. Figurez-vous que c'est là l'une des raisons qui expliquent l'opération des ministres sur le terrain demain. Édouard Philippe y tient beaucoup car c'est une manière de peser sur les choix politiques à venir pour l'été ou la rentrée, qu'il s'agisse d'un remaniement ou de la préparation des élections européennes. Dans le fond, c'est ce qui amène à cette réflexion qui commence à avoir court dans les hautes sphères de l'État : Édouard Philippe aurait décidé de passer à la vitesses supérieure et prendrait goût à diriger les affaires du pays. "Et si c'était lui le patron", titrait d'ailleurs nos confrères de l'hebdomadaire "Le Point", la semaine dernière. Il faut dire que chaque jour, en arrivant à son bureau, il mesure sa chance car rien ne le prédisposait à cette fonction, pas même une victoire d'Alain Juppé, qui ne l'aurait très certainement pas nommé.
Avec le cap sur la deuxième année de mandat, Édouard Philippe est devenu un vrai Premier ministre, c'est-à-dire qu'il comprend qu'à Matignon se trouve l'avant-dernier étage du pouvoir suprême et que l'on peut commencer à s'y organiser politiquement pour ainsi dépasser son statut de collaborateur heureux.
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