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Il y a un ras-le-bol, dans beaucoup de pays, avec "la religion du libre-échange"

Pas de guerre, dans l’immédiat et heureusement, avec la Corée du Nord, mais peut-être une guerre commerciale à venir.

 

On sent que Donald Trump a besoin d’enfiler le costume de chef de guerre pour s’affirmer. Faute de bombarder la Corée du Nord, pour l’instant, ou la Syrie ou je ne sais quel autre pays, il a décidé de déclarer la guerre commerciale. On n’y est pas encore tout à fait, mais on y est dans les mots. On voit bien que cette déclaration a des résonances avec sa campagne.

Il y a un ras-le-bol, dans beaucoup de pays, de ce qu’on pourrait appeler la religion du libre-échange.

Il a été élu, en partie, sur un discours protectionniste. Le problème, c’est qu’il faut trouver un juste milieu entre la religion du libre-échange, où tout est ouvert et où on laisse libre cours à tous les dumpings ou a toutes les concurrences impossibles. Quand il y a des différences trop grandes entre deux pays, deux économies, la concurrence devient destructrice. Elle empêche le pays qui est le moins favorisé de développer ses industries, parce qu’on a toujours intérêt à baisser les coûts, et elle empêche les pays développés de conserver les leurs. Dont tout le monde est perdant.

Il y a aussi des cas où le plus fort continue d’être toujours de plus en plus fort et le faible de plus en plus faible. Il y a des cas où le libre-échange crée une inégalité dans l’échange et l’accentue sans arrêt, donc ce n’est pas une solution en soi à tous les problèmes de l’économie, ni à tous les problèmes de la société. Mais le protectionnisme a aussi ses inconvénients, surtout quand il est présenté de cette manière.

On peut très bien comprendre, c’est tout le paradoxe de cette histoire, que les États-Unis aient une politique de protection. C’est peut-être, avec la Chine, le pays le plus protectionniste du monde. C’est un pays qui n’hésite pas à mettre des taxes anti-dumping quand il considère que la concurrence est déloyale, qui utilise aussi, comme la Chine, beaucoup de moyens pour se protéger qui ne sont pas les moyens qu’on utilisait traditionnellement. Jusque-là, dans l’Histoire, on a beaucoup utilisé les droits de douane, les contingentements, où on interdit d’importer plus que telle quantité d’un produit. Aujourd’hui, on utilise beaucoup ce qu’on appelle les normes, les obstacles dits non-tarifaires. Si vous imposez des normes pour autoriser la vente d’un produit sur votre territoire qui ne correspondent pas du tout à celles qui prévalent chez vos concurrents, vous les empêchez d’une certaine façon d’accéder à votre marché.

Néanmoins, il est assez légitime que chaque pays, chaque continent, chaque société, ait ses propres normes, pourvu qu’il s’agisse bien de répondre à une façon de vivre, à des nécessités impératives d’hygiène, de culture, et non simplement à la volonté d’interdire aux autres de venir commercer et vous faire concurrence sur votre territoire.

Le libre-échange est passé, il faut bien le comprendre, des droits de douane et du contingentement à l’aplatissement des normes. C’est là que le bât blesse et que les résistances sont fortes parce que ça tend à l’uniformisation des sociétés et pas seulement des économies, et que c’est un des éléments importants de la crise identitaire.

Si vous interdisez les appellations géographiques, vous n’allez pas seulement créer des problèmes chez les producteurs qui bénéficient de l’appellation géographique, mais vous allez créer un problème identitaire, aussi.

C’est le débat, aussi, autour du CETA. C’est un débat très important. Savoir si on fait du Bourgogne en Californie est un vrai débat.

C’est un vrai sujet, mais avant de ressusciter maintenant les guerres commerciales à coups de droits de douane, comme on le faisait jadis, il ne faut pas oublier que les guerres commerciales ne faisaient bien souvent qu’aggraver les tensions et débouchaient souvent sur des guerres tout court. C’est donc une mauvaise idée.

Il faut prendre le problème autrement, arrêter la religion du libre-échange et l’aplatissement du libre-échange et ne pas rouvrir des guerres.

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