Ce surcroît de mobilisation ne serait-il pas en réalité le déclin de la grève ? Situation en effet contradictoire mais il faut savoir que les discussions continuent entre le gouvernement et les syndicats. En coulisses, Élisabeth Borne poursuit les contacts à partir de la dernière rencontre avec Édouard Philippe. Ils vont de nouveau se retrouver la semaine prochaine et la partie engagée désormais se joue entre les syndicats réformistes, que sont l'Unsa et la Cfdt et les plus durs comme la Cgt et Sud.
Il faut bien avoir à l’esprit que les discussions portent uniquement sur la manière dont les acquis sociaux et les droits se mettront en place dans la nouvelle SNCF, transformée en société anonyme SA, dans la concurrence. Autrement dit, les syndicats ont accepté le passage à la concurrence et c’est un point très important. De là découlent les prochaines prises de positions. Pour la Cfdt, si le gouvernement continue encore à faire quelques gestes, alors il faudra songer à arrêter le conflit et reprendre le travail.
Pourtant, si l'on y regarde de plus près, on s'aperçoit que la Cgt et Sud ne sont pas sur cette ligne et, aujourd’hui, le trafic est encore plus perturbé. Lorsqu’il s’agit de faire dans la surenchère, il n'y a pas de peur de la concurrence. Ces deux syndicats sont engagés très clairement. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il y a des élections professionnelles à la fin de l'année, et un congrès aura lieu au sein de la Cgt dans un an. Il faut donc absolument gagner des galons sur le terrain de la grève. Philippe Martinez joue gros ! Et à ce jour, Il faut le dire, il n’a rien gagné. Pour lui, la journée sans cheminots est également une histoire sans résultats. Le gouvernement a maintenu les piliers de sa réforme ferroviaire et M. Martinez est poussé par sa base plutôt acquise aux insoumis, voire tentée par le syndicat Sud
De son côté Laurent Berger envoie des signaux de dialogue et d’apaisement et c’est ainsi qu’il faut comprendre cette autre tentative, qui prend l'allure d’un baroud d’honneur : le référendum auprès des personnels de la SNCF, un simulacre de ce qu'il s’est passé à Air France car, dans le cas de la SNCF, le sort de l’entreprise s’est joué au parlement par la loi. Et Guillaume Pepy n’est pas Jean-Marc Janaillac (Président démissionnaire de la compagnie aérienne). Ça saute aux yeux !
Il est bien étrange que les syndicats de la SNCF cherchent la comparaison avec Air France car cette entreprise n’a rien obtenu de substantiel, a perdu son dirigeant en même temps que des sommes d’argent considérables, sans parler des parts de marché et de la dégradation de son image...
Pour la SNCF, on sent bien que ces actions en trompe l’œil ne trompent en réalité personne. Les rapports de forces deviennent de plus en plus faibles du côté de la Cgt et Sud, et la journée d’aujourd’hui ressemble bien à un baroud d’honneur.
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