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Députés épuisés à l'Assemblée : plus qu'un caprice, un vrai problème démocratique

Un vent de révolte souffle depuis quelques temps sur les députés français, épuisés par le rythme de travail effréné imposé par le gouvernement.

Assemblée nationale (@CHRISTOPHE ARCHAMBAULT- AFP)

Évidemment, le premier réflexe, c’est de trouver ça scandaleux. D’ailleurs, c’est la réaction spontanée sur les réseaux sociaux. Quand des travailleurs sont aux trois huit, quand d’autres font deux heures matin et soir dans un RER bondé pour aller travailler, il serait assez indécent de nous faire pleurer sur le sort des députés. D’autant que cela permet au gouvernement de nous servir une belle communication politique sur le thème : "Regardez comme nous tenons nos promesses : après des années d’inertie, nous réformons, nous remettons la France en marche". Mais une fois passée l’indignation facile contre ces députés privilégiés, on peut tenter une autre lecture. Il faut écouter ce que disent aussi bien Jean-Luc Mélenchon que Christian Jacob, et jusqu’à François de Rugy, qui n’est pas connu pour son esprit frondeur : le rythme d’enchaînement des nouvelles lois est tel qu’ils sont obligés de bâcler les débats. Nous ne sommes pas en train de parler d’un problème de conditions de travail et de burn-out pour des députés un peu chochottes, nous sommes en train de soulever un problème démocratique.

En fait, la question est celle de l’équilibre des pouvoirs entre le législatif et l’exécutif. Le rôle des députés est de voter les lois, dont la plupart sur des projets du gouvernement. La majorité et l’opposition doivent pouvoir discuter, approfondir, amender. Évidemment, tous les députés ne sont pas spécialistes de tous les sujets, mais ils participent à des commissions où ils sont censés auditionner les experts, la société civile. Quand on enchaîne la loi alimentation, la loi logement, la loi formation professionnelle, la loi fake news, autant, dans un groupe de 350 députés, on trouvera toujours quelques spécialistes de chaque domaine pour participer aux travaux, autant, dans des groupes de 15 ou 20 parlementaires, c’est infaisable. Donc, l’opposition ne peut pas se faire entendre et contribuer à l’élaboration des lois. Quant aux députés de la majorité, ils sont invités par l’exécutif à ne pas abuser des amendements. D’ailleurs, le projet de réforme institutionnelle entend limiter le nombre d’amendements, peut-être pour plus d’efficacité, mais aussi pour que l’exécutif décide et que les députés valident.

Inhérent à la Vème République ? Disons qu’on en amplifie les travers. Quand l’exécutif représente 50% des citoyens, ça va, quand le groupe majoritaire a fait 14,5% des inscrits au 1er tour des législatives, c’est plus compliqué... Et ça va plus loin qu’un burn-out parlementaire.

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