On s’imagine que la date du 8 mai qui célèbre la victoire des alliées sur l’Allemagne nazie est sanctuarisée depuis 1945. Mais pas du tout ! Le 8 mai a été férié de 1953 à 1959, puis simplement commémoré par les français sans être chômé par la suite.
En 1975 Valery Giscard d’Estaing se demande donc à quoi bon garder cette date. Il privilégie le 9 mai qui célèbre la construction européenne et une relation apaisée avec l’Allemagne. Mais les anciens combattants ne se laissent pas faire.
« Nous consacrer une journée ce n’est pas de trop » disent-ils. Sitôt élu en 1981 François Mitterrand rétablit la commémoration du 8 mai qui redevient férié. Le 9 mai est passé aux oubliettes même pour fêter l’Europe.
Alors de nos jours est ce que cela a un sens de commémorer une victoire militaire ? Qui plus est sur l’Allemagne qui est notre principal partenaire en Europe ? Oui car commémorer ça signifie « faire mémoire ensemble ». C’est un ciment dans le contexte de crise que nous traversons où notre pays s’interroge sur ses racines et sa capacité à faire nation. Emmanuel Macron l’a bien compris. Souvenez-vous son itinérance mémorielle pour célébrer les cent ans de la fin de la 1 re guerre mondiale. Une semaine à rendre hommage aux poilus ! Avec toujours le même message politique aujourd’hui comme hier : « c’est ensemble que nous sommes forts pour redresser le pays ».
Donc il y a maintenant une forme de récupération politique dans la commémoration du 8 mai ?
Il y en a toujours eu ! Mais elle s’efface devant la sacralité du moment quand tout à l’heure Emmanuel Macron s’inclinera sur la tombe du soldat inconnu. Ensuite il est évident que pour faire sens il faut transmettre l’esprit de la commémoration aux enfants dans les écoles. Enseigner en classe les vertus d’héroïsme de nos résistants. Pour réunir le passé et le présent, une initiative a été prise pour le 11 novembre. Une loi de 2011 stipule que nous ne commémorons plus uniquement les morts de la Grande Guerre mais tous les soldats tombés au combat et mort pour la France de nos jours. Le dernier poilu étant décédé en 1918. Ca fait sens. Pour le 8 mai 45 il y a encore des anciens combattants pour veiller au souvenir de leurs camarades. Mais quand ils ne seront plus, peut être faudra t’il regrouper toutes les commémorations le 8 mai. Il y a en tout 12 jours de commémoration. La moitié instaurée par Jacques Chirac. L’hommage aux justes de France, aux harkis, aux morts d’Algérie, à l’abolition de l’esclavage. Ce ne sont que des revendications catégorielles. Le 8 mai nous rappelle lui que sur les ruines de la guerre, l’Europe est le garant de la paix que nous connaissons depuis plus de 70 ans. Et ça il ne faut jamais l’oublier.