C’est sans conteste le best-seller politique du printemps.
La maison d’édition communique sur près de 95000 ventes depuis sa sortie mi-avril. Dans ce livre l’ancien président revient sur les épisodes de son quinquennat dans tous les domaines et livre ses réflexions sur l’exercice du pouvoir. François Hollande raconte les dessous des cartes des grands enjeux internationaux, ses discussions avec ses collègues dirigeants de la planète, notamment sa première conversation avec Donald Trump, qui lui demande s’il a des noms à lui suggérer comme conseillers à la Maison Blanche (Hollande lui suggère Henry Kissinger pour bien lui faire sentir l'incongru de sa question)...
Il dévoile sa passation de pouvoir avec Emmanuel Macron et révèle que les deux hommes se sont vus en secret dès le lendemain de l’élection afin de préparer les dossiers et ne pas faire trop durer le tête-à-tête officiel du 15 mai.
"Ce jour là, dit-il, Macron est déjà chez lui et je suis encore chez moi.” Il reviendra longuement sur l’épisode de sa rupture avec Emmanuel Macron, avec cette phrase acérée, “je sais d’où je viens et quelles sont mes valeurs. D'autres croient que dans le ciel ne luit qu’une seule étoile, la leur, que tout est affaire de circonstances et qu'il ne sont liés à rien ni à personne.”
On comprend bien que le ressentiment est présent. Mais pas seulement. Ce n’est pas un livre d'autocritique ni un testament.
François Hollande estime que des bonnes décisions ont été prises durant son mandat et que le retour de la bonne santé économique est en partie due à sa politique, même si les résultats sont venus trop tard pour lui.
Ce livre est pensé comme une opération politique. Il sort au moment du premier anniversaire de Macron à l’Élysée. Mais que cherche François Hollande ?
Avec ces leçons du pouvoir, François Hollande donne un cours de politique.
En retrait mais pas à la retraite.
À ses amis socialistes, qui ont du mal à faire entendre leur voix sur les sujets, il montre que, malgré tout le rejet qu'il déclenchait, sa voix porte.
En attaquant Emmanuel Macron, le "président des très riches", il sature l’espace et partage l’actualité avec le président de la République.
Sur CNews, il est allé encore plus loin : j’ai été le président des pauvres et des très pauvres.
Il montre aux socialistes comment s’opposer.
Ensuite, il devient un opposant à Emmanuel Macron. Et on se dit, bien sûr, "il veut revenir dans la course à l’Élysée…"
Une phrase importante dans son livre : "Je ne suis pas un perdant, je suis un sortant."
Comme toujours, François Hollande ne ferme aucune porte car, précisément, il pense que tout est affaire de circonstances et de bonne étoile.
"Qui peut dire qu’elle sera la situation en 2022 ?" se dit-il.
Et à ce sujet, il suffit de se rappeler l'issue du dernier quinquennat pour se dire que tout est possible en France.
Aujourd’hui, François Hollande se retrouve face à la même illusion d’optique qui a trompé Sarkozy : les dirigeants sont aimés lorsqu’ils n’exercent plus le pouvoir.
Son livre d’inventaire, après la sortie, avait été aussi un énorme succès. Il a cru que l’on pouvait reconquérir le pays à bases de librairies remplies et de selfies... On connaît la suite.
Voilà une autre leçon, celle d’après le pouvoir, que François Hollande doit méditer.
Écoutez la chronique de Michaël Darmon dans le Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard