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Olivier Dussopt : "il faudra mettre fin au quoiqu'il en coûte qui augmente la dette"

Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes publics, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Benjamin Glaise le 19 avril 2021 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Olivier Dussopt interviewé par Benjamin Glaise sur Sud Radio le 19 avril 2021 à 7h40.

Olivier Dussopt a estimé que la crise sanitaire coûterait près de 424 milliards d’euros aux finances françaises, étalés sur trois ans. "C’est le coût de la crise sur trois ans en comptant à la fois les dépenses et les recettes de manière potentielle", précise-t-il. Le ministre des Comptes publics rappelle que l’État a engagé des aides à un niveau qui n’avait jamais été mis en place" pour répondre à la situation. "Nous avons dépensé, pour l’État, pour la Sécurité sociale, plus de 90 milliards d’euros l’année dernière", une dépense qui reste d’un montant "prévisionnel" alors que la situation est toujours critique et peu se dégrader à tout moment.
Quant au montant des aides "pour 2021", il sera "autour de 55 milliards d’euros" entre chômage partiel, fonds de solidarité et campagne de vaccination.

"Nous aiderons les entreprises autant qu’il le faudra"

L’estimation du ministère a été établie sur trois ans, ce qui laisse supposer la possibilité que certaines aides pourraient se poursuivre en 2022. "Nous aiderons les entreprises autant qu’il le faudra", confirme Olivier Dussopt. "Tant que les entreprises seront fermées, tant qu’elles auront des restrictions, tant qu’elles ne pourront pas fonctionner normalement", explique le ministre, "nous serons à leurs côtés".
Toutefois, il prévient que dès le retour à la normalité, "il faudra progressivement suspendre le dispositif d’aides" car le travail sera fait "mais aussi parce qu’il faut revenir à un niveau soutenable de dépense publique".
Les périodes de confinement et de couvre-feu, "vont coûter autour de 10-11 milliards d’euros par mois, pour le mois d’avril". "Nous le faisons parce que nous pouvons le faire, et que nous devons le faire pour aider les entreprises" mais ça ne peut pas durer indéfiniment.

La France doit "revenir au niveau" de dépense publique d'avant la crise

Le retour à "un niveau soutenable de dépense publique" est nécessaire, même si aujourd’hui "nous sommes en capacité de faire face", précise Olivier Dussopt, grâce "aux efforts" faits durant les dernières années. "Ma responsabilité est de veiller à ce que ces aides soient financées", explique le ministre, mais aussi "de veiller à ce que toutes les autres politiques, tous les autres budgets ministériels ne dérapent pas". C’est ainsi qu’après l’épidémie la France pourra "revenir au niveau que nous connaissions avant" en termes de dépenses publiques.

 

"La France est un état considéré à la fois comme un état puissant mais aussi un état qui tient ses engagements"

Une autre chance de la France est que le taux des emprunts est "extrêmement bas", confirme le ministre des Comptes publics. "C’est ce qui nous permet aussi de faire face." Toutefois, les taux bas sont liés aux "efforts faits précédemment" et à un engagement "crédible". "La France est un état considéré à la fois comme un état puissant mais aussi un état qui tient ses engagements."
Olivier Dussopt ne manque toutefois pas de souligner l’importance de la politique monétaire de l’Union européenne et de la Banque Centrale Européenne "qui nous aident à tenir".

 

"Il faudra mettre fin au quoiqu’il en coûte, progressivement"

Le "quoiqu’il en coûte" continue donc, mais apparaît comme voué à une fin, ce que confirme le ministre : "toutes les aides que nous versons sont des aides qui ont une conséquence, c’est l’augmentation de la dette". Les aides seront donc maintenues aussi longtemps que les restrictions et l’épidémie seront d’actualité, mais "lorsque l’épidémie sera derrière nous", explique Olivier Dussopt, "il faudra mettre fin au quoiqu’il en coûte, progressivement".
Toutefois, le gouvernement n’a pas encore de date pour le début de la fin des aides : "il serait imprudent de s’avancer sur un agenda" car "nous savons que l’épidémie est forte". "Nous savons tous que la vaccination et les mesures prises nous permettent d’en sortir."
De fait, les deux ministères de Bercy sont en train de travailler "sur les modalités de sortie progressive". Mais l’impact de l’épidémie, estime Olivier Dussopt, pourrait continuer dans certains secteurs d’activité.
"On peut penser au secteur de la restauration, au secteur de l’événementiel… ces secteurs qui ont été fermés depuis longtemps, qui sont restés fermés plus longtemps que d’autres entreprises."

"Tant qu'on ne sera pas revenus à la normale, nous continuerons à être présents"

Olivier Dussopt prend en exemple les restaurants, qui pourraient en effet être autorisés à rouvrir mais avec des restrictions, comme une jauge ou alors uniquement en terrasse. "Si on demande à un restaurateur de ne travailler qu'avec la moitié de sa salle, il faut qu'on puisse l'accompagner jusqu'à ce que ça redevienne normal."

Le 15 est avancée comme date d'une première réouverture des activités fermées, en tout cas selon les annonces d'Emmanuel Macron. De quoi faire craindre un début de fin du quoiqu'il en coûte. "Il faut que nous puissions continuer de les aider", explique Olivier Dussopt. Si les activités réouvrent progressivement, "tant qu'on ne sera pas revenus à la normale, nous continuerons à être présents", rassure le ministre.

 

"Il peut évidemment y avoir des effets d'aubaine"

Pour certains détracteurs de la politique du gouvernement, le quoiqu'il en coûte a été un effet d'aubaine pour des entreprises, qui ont bénéficié des aides tout en annonçant des licenciements ou des restructurations. Ils appellent à ce que les aides soient conditionnées. "Il peut évidemment y avoir des effets d'aubaine", confirme le ministre des Comptes publics, une aubaine liée aux mesures très larges et très puissantes. "Les aides que nous avons mises en place", explique-t-il, ont été versées soit "aux entreprises fermées" soit à celles "qui ont perdu beaucoup de chiffre d'affaires".

"Nous avons un travail de prévention", souligne le ministre, concernant les erreurs "mais aussi la fraude" qu'il confirme pouvoir exister. "Le travail des agents de la Direction générale des Finances publiques a permis d'empêcher le versement de plusieurs dizaines de milliers d'aides" pour un montant estimé à près d'un milliard d'euros.

 

Gel : le gouvernement "a très bien pris la dimension de cette crise"

Jean Castex, Premier ministre, a annoncé un fonds d'un milliard d'euros pour faire face à l'épisode historique de gel qui a frappé l'agriculture française, alors que les pertes sont déjà estimées à près de 4 milliards d'euros. Lors d'un déplacement en Ardèche avec le Premier ministre, "nous avons pu constater les dégâts", souligne Olivier Dussopt. Si pour certains les aides annoncées sont insuffisantes, les fédérations d'agriculteurs les ont très bien accueillies, ce qui pour le ministre montre que le gouvernement "a très bien pris la dimension de cette crise" avec des aides jugées "justes" et "suffisantes" de la part des agriculteurs eux-mêmes.

"C'est une aide massive et qui va nécessiter aussi de modifier un certain nombre de règles, de déplafonner le régime de calamité agricole" et qui doit aussi "nous amener à réfléchir à l'avenir", notamment concernant l'assurance récolte. Cette dernière est "trop complexe" et coûteuse "pour que les agriculteurs y souscrivent", ce qui les laisse sans protection.

Concernant le déblocage de ces aides, il sera "le plus rapide possible", annonce Olivier Dussopt.

"La sécurité est d'abord un droit"

Dans un entretien accordé au journal Le Figaro, Emmanuel Macron parle de la sécurité comme un enjeu majeur du pays, ce qui pour certains observateurs est le lancement de la campagne présidentielle pour 2022. Olivier Dussopt estime, de son côté, qu'il n'y a pas besoin de cette échéance "pour parler sécurité". "La sécurité est d'abord un droit."

Il rappelle que le Président s'était engagé à renforcer les effectifs de près 10.000 policiers et gendarmes. Mais il souligne que le gouvernement fait en sorte "que les policiers et les gendarmes aient de meilleures conditions de travail, pour être plus efficaces, tout simplement".

Olivier Dussopt, plutôt sur l'aile gauche du gouvernement, déclare se reconnaître "pleinement" dans ce discours sur la sécurité, thème généralement privilégié par la droite. Avec ses collègues de Territoires et progrès, "nous sommes convaincus que la sécurité est une liberté absolue, un droit absolu. Nous sommes aussi convaincus que ceux qui souffrent le plus de l'insécurité, de difficultés quand il y en a, sont parmi les Françaises et les Français qui sont déjà les plus défavorisés."

 

"Un certain nombre de partis de gauche qui étaient des partis du gouvernement sont en deuxième division"

La gauche promettait un candidat unique pour 2022, mais la réunion qui s'est tenue le week-end du 17 avril 2021 a été un échec. "Promesse... toujours des promesses", ironise Olivier Dussopt. "J'ai surtout vu qu'ils avaient, les uns et les autres, du mal à faire le compte rendu de la même réunion." Pour le ministre, "c'est l'histoire sans fin d'une division" mais aussi l'histoire "d'une rélégation en seconde division" pour la gauche.

"Aujourd'hui, malheureusement, un certain nombre de partis de gauche qui étaient des partis du gouvernement sont en deuxième division, et qu'en réalité les hommes et les femmes de gauche qui veulent être responsables, qui veulent permettre la réussite du pays, qui veulent faire avancer un certain nombre de sujets, sont dans la majorité, au gouvernement."

 

 

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