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L'oeil éco d'Yves de Kerdrel - Ça chauffe entre Christine Lagarde et les Allemands !

Christine Lagarde, présidente de la BCE, s'est récemment comparée à une "colombe". Un concept économique loin d'être partagé des Allemands. Depuis, la subtilité de l'ancienne ministre de l'Économie permet de tempérer le conflit. Explication.

La présidente de la Banque Centrale Européenne ferme sur ses positions malgré la grogne allemande

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Christine Lagarde s’exprimait vendredi, pour la première fois depuis son entrée en fonctions. Un discours très surveillé.

Rappelez-vous qu’avant même de prendre ses fonctions, Christine Lagarde s’était déclarée être une colombe. Or une colombe pour les économistes, à la différence d’un faucon, c’est qu’il fait tout ce qui est possible pour soutenir l’économie. Ce premier message avait fortement déplu aux allemands qui sont des faucons et qui attendent une politique moins laxiste de la part de la BCE. Donc vendredi dernier, tous les économistes allemands ont surveillé chaque mot du discours de notre ancienne ministre de l’Économie. Très subtile, comme d’habitude, Christine Lagarde a évité la polémique. Elle a juste fait l’hommage de la politique – de colombe – de son prédécesseur.

Et plutôt que de dire si c’était une bonne chose d’adopter une politique de taux zéro voire négatifs, elle a renvoyé la balle aux chefs d’états. En déclarant qu’il n’y a pas que la politique monétaire qui peut soutenir l’économie, mais aussi les politiques budgétaires nationales.

C’est-à-dire plus précisément ?

Et bien la nouvelle présidente de la BCE a appelé vendredi l'Europe à innover et investir face aux défis économiques et climatiques. Elle a insisté en déclarant que si les pays européens stimulent la croissance en investissant, ils soutiendront la demande, et donc toute l’économie. Depuis le premier jour, c’est une tactique qu’elle a adoptée et un discours qu’elle tenait déjà lorsqu’elle dirigeait le FMI. Elle a été plus explicite en affirmant qu’elle voulait aller vers un nouveau mix européen où les États autant que la BCE soutiendraient l’économie. Évidemment ce message s’adressait directement aux allemands qui empile les excédents budgétaires depuis cinq ans et qui se laissent tomber en récession. Christine Lagarde a voulu montrer que l’orthodoxie budgétaire a ses limites et qu’il vaut mieux utiliser ses capacités budgétaires pour soutenir l’économie.

Tout ça n’a pas été très bien accueilli en Allemagne où l’on estime que la BCE n’a pas à fouiner dans les finances de la première économie européenne. Et puis, comme si cela ne suffisait pas, Christine Lagarde a annoncé la mise en œuvre d’une révision prochaine de la stratégie de la BCE. Elle veut notamment que la politique monétaire vienne davantage au secours de la transition écologique. Ce qui serait une révolution pour les financiers.

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