7%. C’est la proportion des jeunes de 16 à 25 ans formés en France grâce à l’apprentissage. Une méthode combinant formation théorique et expérience professionnelle que la ministre du Travail Muriel Pénicaud espère bien développer davantage en redorant notamment son image alors que bien souvent, pour les patrons comme les apprentis, c’est le parcours du combattant. "Ça fonctionne surtout par piston. Quand on fait des recherches sur le terrain, c’est souvent non. "On a déjà quelqu’un", "on ne prend pas"… Je pense que c’est le fait d’être trop jeune, ils se disent qu’on n’a pas un bagage professionnel assez lourd", déplore Haya Sakho (18 ans) au micro de Sud Radio, elle qui cherche en vain depuis deux ans une entreprise dans le domaine de la vente.
Patrick Bouvard, pâtissier-chocolatier formant des jeunes depuis 30 ans, regrette lui de ne pas pouvoir jusqu’à présent faire travailler ses jeunes avant 6h du matin. "Quand le jeune arrivait, les produits étaient déjà fabriqués… Maintenant on va avoir les autorisations pour qu’ils commencent à quatre heures du matin et qu’ils puissent s’imprégner de ce métier. Ils sont demandeurs en plus ! Souvent, c’est l’Inspection du travail qui nous mettaient des freins en nous disant qu’il ne faut pas exploiter les jeunes", affirme-t-il. Laurine, son apprentie de 18 ans, souhaiterait, elle, améliorer l’image de l’apprentissage. "On dit trop souvent que c’est une voie de garage, que tous les mauvais élèves vont en apprentissage. Je ne suis pas d’accord, avec un apprentissage on peut avoir une bonne expérience, un bon métier, un bon poste et un bon salaire. On peut tout avoir !", s’exclame-t-elle.
Alors que Muriel Pénicaud est censée présenter sa réforme vendredi en conseil des ministres, la ministre du Travail veut rendre le système plus souple. "Il y a de très importants verrous dus à la rigidité du problème. Aujourd’hui, on ne peut faire démarrer son apprentissage qu’entre septembre et décembre. On ne tient pas compte de vos acquis : des jeunes sortent de trois ans d’université et on leur fait faire le même parcours que s’ils n’avaient rien fait ! Eh bien non, il faut pouvoir faire des contrats de six mois pour certains, de trois ans pour d’autres… Il y a aussi des verrous dus au financement très compliqué. Il y a des freins liés à la mobilité géographique. On va donc donner 500 euros à chaque jeune pour qu’il puisse passer son permis pour qu’il puisse être autonome dans sa vie et sa mobilité. Des freins comme ça, il y en a une trentaine, et on va tous les attaquer", promet-elle.
Un reportage d’Alice Berthias