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Turquie: dix ans de prison pour deux jeunes "mules" françaises

Deux jeunes Françaises accusées d'avoir transporté près de 25 kilos de cannabis depuis la Thaïlande ont été condamnées à dix ans de prison chacune mardi en Turquie, a constaté l'AFP.

Yasin AKGUL - AFP

Deux jeunes Françaises accusées d'avoir transporté près de 25 kilos de cannabis depuis la Thaïlande ont été condamnées à dix ans de prison chacune mardi en Turquie, a constaté l'AFP.

Ibtissem B., 22 ans, et Mariam N., 23 ans avaient été arrêtées le 28 février lors d'une escale à l'aéroport d'Istanbul, en possession de deux valises de deux fois 12 kilos de drogue.

Elles devront en outre s'acquitter chacune d'une amende de 100.000 livres turques (environ 1.990 euros).

Le juge a retenu le "transport de drogue et non son commerce, qui les aurait exposées à une peine plus lourde", a expliqué Me Umut Alikosifoglu, défenseur de Mariam.

"L'objectif est maintenant d'obtenir leur transfert vers une prison française", a-t-il indiqué.

Le trafic de cannabis est punissable de vingt ans de détention et celui de cocaïne de trente ans au moins, ont rappelé les avocats.

La Turquie, pays de transit des stupéfiants entre l'Asie, le Moyen-Orient et l'Europe, est intraitable avec le trafic de drogue comme le montrait déjà dans les années 80 le film "Midnight Express", resté célèbre sur les risques encourus par les trafiquants dans le pays.

"Espérons que les autorités françaises et turques se mettent rapidement d'accord sur leur transfèrement", a également souhaité l'avocate française d'Ibtissem, Me Carole-Olivia Montenot, jointe par téléphone.

Les deux jeunes femmes, arrêtées le 28 février lors d'une escale à Istanbul avec deux valises contenant 30 kilos de cannabis au total, dont deux fois 12 kilos de substance active, ont toujours affirmé ignorer ce qu'elles transportaient.

- "deux naïves" -

Lors de la première audience de leur procès en septembre, elles avaient affirmé avoir été manipulées par un de leurs amis, Taeric O., et un complice de celui-ci qui leur aurait confié à Bangkok deux valises à remettre en Belgique à la mère de Taeric O.

La mère d'Ibtissem B devant le tribunal de Caglayan, à Istanbul, le 23 décembre 2025, après la condamnation de sa fille à 10 ans de prison

La mère d'Ibtissem B devant le tribunal de Caglayan, à Istanbul, le 23 décembre 2025, après la condamnation de sa fille à 10 ans de prison

Yasin AKGUL - AFP

Selon "Inès" (prénom d'emprunt), la tante d'Ibtissem B., Taeric O., "un ami d'enfance", est en prison à Amiens (nord de la France) ce que les deux femmes ignoraient.

"Ce sont deux vraies naïves, deux gamines qui se sont fait avoir", a-t-elle affirmé à l'AFP.

La mère d'Ibtissem, Sabrina (prénom d'emprunt), 54 ans, continue de clamer l'innocence de sa fille: "J'espérais un peu d'indulgence. Elle ne savait absolument pas ce qu'elle transportait sinon elle n'aurait jamais accepté, comme Mariam", a-t-elle confié à l'AFP, effondrée, à la sortie du tribunal où elle n'a pas été autorisée à embrasser sa fille.

Sabrina reconnait cependant qu'Ibtissem ne lui avait pas parlé de ce voyage en Thaïlande, pas plus qu'à sa cousine Nawel, également présente à Istanbul pour le procès.

"Je lui aurais dit de se méfier", assure cette dernière.

Taeric O. leur avait fait miroiter un séjour luxueux à Bangkok, billets d'avion, hôtel et tous frais payés et devait les rejoindre - ce qu'il n'a jamais fait et pour cause.

Devant le juge mardi, les jeunes femmes assistées d'un interprète ont exprimé leurs "regrets de n'avoir pas vérifié" le contenu des valises et présenté leurs excuses.

"Si on avait su qu'il y avait de la marijuana à l'intérieur, jamais on n'aurait pris les valises. On n'allait pas risquer d'aller en prison. J'ai même pas regardé s'il y avait un cadenas, j'ai fait confiance à mon ami Taeric", s'était défendu Ibtissem à la première audience.

Me Carole-Olivia Montenot affirme que Taeric O. a piloté toute l'affaire depuis la prison d'Amiens (nord de la France).

Rien de cela n'aurait eu lieu s'il n'avait pu se procurer un téléphone portable en détention, fait-elle valoir.

Selon leurs proches, les jeunes femmes sont bien traitées.

La prison de Silivri où elles sont depuis dix mois est la plus grande d'Europe où sont détenues de nombreuses personnalités politiques dont le maire d'opposition d'Istanbul, Ekrem Imamoglu.

"C'est propre et très discipliné. Elles sont quatre par cellule, les portes ouvertes dans la journée. Ibtissem suit des cours de turc tous les matins" a détaillé sa tante, Inès.

Par Anne CHAON / Istanbul (AFP) / © 2025 AFP

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