« Tentative de putsch médiatique ou tempête dans un verre d'eau ? On peut être d'accord sur un point, la possible labellisation des médias est une maladresse du président de la République. Maladroit parce que qui dit label, lorsqu'on est chef d'État, dit contrôle de l'information. Macron a donc fait monter des soldats au front pour défendre ce rétro-pédalage.
"Le Label était déjà dans les petits papiers du président"
Il y a, bien sûr, la porte-parole du gouvernement, après le conseil du ministre, Maude Bréjean, qui dit : "non, il n'est pas question de mettre en place un label d'État". Il y a aussi la ministre de la culture, Rachida Dati, qui affirme que ce n'est pas ça que le président voulait dire. Mais surtout elle rappelle que le projet de label était déjà dans les petits papiers du président lors des états généraux de la presse en 2023.
En réalité, il s'agissait tout simplement de permettre aux rédactions qui souhaitent le faire de mettre en place des services à l'intérieur qui contrôlent les vraies et les fausses informations. Ce sont simplement des services de fact-checking. Par ailleurs, 17 médias ont déjà cette certification.
"Le Président de la République a été extrêmement maladroit"
Alors, qui dit vrai ? Est-ce qu'il y a une tentative de remettre de l'ordre dans les médias ou plus simplement, d'éviter que certains consomment de la désinformation ? Mais attention, lorsqu'on parle de la presse et de la liberté d'expression, c'est explosif.
Le pluralisme médiatique est établi depuis la loi de 1881 dans notre pays. Le président de la République le sait. Soit c'est de la maladresse, soit Emmanuel Macron avait une idée derrière la tête.
« Oui à la liberté, non à la labellisation »
Le Président des Républicains, Bruno Retailleau, a lancé une pétition intitulé "Oui à la liberté, non à la labellisation". Cette pétition est une évidence pour les républicains qui se battent pour la liberté d'informer et pour la liberté d'expression.
Mais ce que je redoute dans ce débat, c'est qu'on confonde information et opinion. Dans un édito, quand vous faites un édito, vous donnez votre opinion. Quand je fais un édito, je donne mon opinion. Ce n'est pas désinformer que donner son opinion. En entendant certains politiques prendre la parole sur ce sujet, je crains qu'ils confondent les deux. On peut avoir une opinion qui est différente autour d'une information qui est la même.
"Ils sont très chatouilleux lorsque l'on parle de contrôle de l'information"
Il n'y aura pas de label d'État, c'est ce qu'a dit la ministre. On peut regretter cet emballement médiatique, mais il faut peut-être le rappeler : tous les gens attachés aux démocraties sont très chatouilleux lorsque l'on parle de contrôle de l'information. Dans une démocratie, c'est compliqué de vouloir aborder ce sujet, parce que vous donnez l'impression de vouloir museler ceux qui ne pensent pas comme vous. »