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L'héritage controversé d'Edmond Vidal

Par Philippe David

Comme à son habitude, Philippe David remet le clocher au milieu du village en abordant un sujet délicat, celui d'un homme récemment décédé dont l'héritage reste controversé. Cet homme, loin d'être un modèle de vertu, laissera une trace indélébile, celle d'un truand notoire, mais qui mérite malgré tout qu'on s'attarde sur son parcours.

(FILES) Edmond Vidal (R), former leader of the "Lyonnais gang" who was arrested in Lyon in 1974 and sentenced in 1977 to ten years of criminal imprisonment, speaks with his lawyer Joannes Ambre, during a press conference on October 22, 1981 in Lyon, to denounce "a police plot" after his release in July 1981 with a 3-year sentence reduction. - Edmond Vidal, known as "Momon", former robber and leader of the Lyonnais gang, died in the night from Septemeber 8 to 9, 2024, AFP learned on September 9, 2024 from his entourage. He died in hospital, while he had been suffering from cancer for several months, indicated the same source, who confirmed information from Lyon Mag. (Photo by LUC NOVOVITCH / AFP)

Edmond Vidal, chef du tristement célèbre « gang des Lyonnais », s'est éteint la nuit dernière à l'âge de 79 ans. Une mort presque banale pour cet ancien gangster qui, après sa sortie de prison en 1982, s'était « rangé des voitures » en devenant gérant d'une entreprise textile. Vidal incarnait un type de truand « à l'ancienne », un criminel régi par un code de conduite aujourd'hui révolu.

Le célèbre avocat lyonnais, maître André Soulier, qui défendit l'un des complices de Vidal, a d'ailleurs confié dans les colonnes du Figaro : « C'était un homme intelligent, avec des capacités logistiques hors du commun. Il n'y a aucune mère, aucun père, aucun frère ni sœur qui sont venus pleurer lors de leurs procès. Ils n'ont jamais blessé quelqu'un d'extérieur. »

Ces propos ont rappelé à Philippe David des souvenirs d'une époque révolue, lorsqu'il travaillait comme professeur de vente en milieu carcéral lors d'une période de chômage, il y a une trentaine d'années. Un de ses élèves, fiché au grand banditisme comme braqueur multirécidiviste, lui avait confié lors d'une pause : « Tu vois, ma génération, on a un code d'honneur. Eux, en face, ils prennent une kalach et ils défouraillent, ils s'en foutent de tuer du monde. Nous, si les schmitts viennent nous serrer, on ne leur tire pas dessus car ils ont une femme et des gosses. On pose le calibre et on se rend. »

Pour Philippe David, cette époque est définitivement révolue. Aujourd'hui, les nouveaux truands n'hésitent pas à tuer une jeune fille qui révise dans sa chambre en tirant à la kalachnikov sur la façade d'un immeuble à Marseille, ou à assassiner de sang-froid un employé municipal à Grenoble.

Philippe David s'interroge : peut-on vraiment parler de « bandits d'honneur » pour qualifier ces truands d'antan ? Une chose est sûre, dans ce domaine comme dans tant d'autres, c'était mieux avant.

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