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"Bienvenue et respect": les Kosovars fiers d'affronter les "frères" anglais

Révélation des éliminatoires de l'Euro-2020 et toujours en quête d'une qualification historique, le Kosovo se délecte d'affronter dimanche la sélection anglaise: à Pristina, l'Angleterre est vue comme un allié "bien aimé" du fait du rôle de Londres dans la guerre d'indépendance contre Belgrade.

. (Photo by Glyn KIRK / AFP) /

Certes, les Kosovars ont été éliminés de la course à la deuxième place du groupe A jeudi face à la République tchèque (2-1) mais l'enthousiasme n'est pas retombé: la jeune sélection aura une session de rattrapage en mars grâce aux barrages de l'Euro, pour lesquels l'équipe nationale a assuré sa participation en remportant son groupe de Ligue des nations de l'UEFA.

En attendant, les autorités comme les supporters de l'ancienne province serbe sont chauds bouillants pour offrir à leurs "frères" anglais un accueil digne de ce nom à Pristina, même si cette rencontre est finalement sans enjeu pour les Kosovars comme pour les Anglais, déjà qualifiés.

"Le plus important, c'est de les recevoir et de les respecter car ce sont nos amis. On a de la chance d'avoir de tels amis. Que le meilleur gagne!", lance Labinot Ajvazi, économiste de 29 ans.

L'engouement est tel que les 15.000 billets -- dont 750 réservés aux fans anglais -- se sont arrachés aussitôt mis en vente mardi. Un écran géant a été installé sur la place Zahir Pajaziti, en plein cœur de Pristina, pour que tous ceux qui n'auront pas la chance d'être au stade Fadil Vokrri puissent profiter à plein du spectacle.

- Impressionnant -

Les "Dardanets" comme s'appellent les supporters kosovars ont promis "un accueil magnifique" aux Anglais, ainsi que l'explique l'un d'eux, l'acteur Fatmir Spahiu.

La supportrice Vjosa Berisha le martèle: le mot d'ordre du match sera "bienvenue et respect", un slogan qu'on retrouve sur les banderoles accrochées en ville. Au-delà des considérations politiques, rappelle-t-elle, "l'hospitalité est une vertu traditionnelle du Kosovo".

Territoire pauvre d'environ deux millions d'habitants en majorité albanais, le Kosovo est un néophyte sur la scène diplomatique et footballistique. Déclarée en 2008, son indépendance n'est toujours pas reconnue par la Serbie, parvenue jusqu'en 2016 à lui fermer les portes de l'UEFA et de la Fifa.

Mais sur le terrain, le Kosovo a impressionné ces derniers mois: l'équipe entraînée par le sélectionneur suisse Bernard Challandes a réussi à enchaîner 15 rencontres sans défaite tous matches officiels confondus avant de chuter avec les honneurs en Angleterre (5-3) en septembre, puis sans démériter (2-1) en République tchèque jeudi - seules défaites sur l'ensemble des années 2018 et 2019.

Ces derniers temps, le Kosovo est cependant handicapé par la blessure de l'attaquant Vedat Muriqi (Fenerbahçe). Cette absence est "énorme" car "il n'y a pas de joueur qui puisse le remplacer", reconnaît Bernard Challandes.

Si l'envie de gagner domine dans les cœurs, l'Angleterre peut être sûre de se retrouver en terrain ami dans un endroit où des jeunes gens s'appellent ToniBler en hommage à l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair.

- "Bienvenue frère" -

"L'Angleterre au Kosovo, c'est grand, c'est historique", souligne Atdhe Nuhiui (Sheffield), auteur du but kosovar contre les Tchèques. "On va célébrer à Pristina le fait que le Kosovo, avec son histoire, aussi petit qu'il soit, est debout et va jouer contre l'Angleterre".

En 1999, une coalition occidentale dirigée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avait mené la campagne de frappes qui avaient offert la victoire aux indépendantistes kosovars albanais. L'ancien homme fort de Belgrade Slobodan Milosevic avait été contraint à retirer ses forces du Kosovo au terme du dernier conflit ayant conduit à l'explosion de l'ex-Yougoslavie.

"Grâce à vous, on joue maintenant contre vous! Reconnaissants pour toujours à notre Angleterre bien aimée", proclame une bannière dans une rue de Pristina.

Agim Ademi, président de la Fédération de foot kosovare, exclut d'emblée que les joueurs anglais puissent être victimes de débordements racistes comme ce fut le cas par exemple en Bulgarie et au Monténégro.

"Quelle que soit l'issue, les joueurs des deux équipes sortiront du terrain avec le soutien des spectateurs", assure-t-il.

Comme en écho, un magasin de vêtements du centre-ville a déployé une gigantesque banderole où figure une photo de Raheem Sterling, star de Manchester City et qui proclame: "Miresevjen broo (Bienvenue frère)".

ih-ev/jed/bpa

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