single.php

Roland-Garros: Loïs Boisson, du trauma à l'exploit

Révélation française de Roland-Garros à 22 ans, Loïs Boisson impressionne par sa détermination, ses qualités physiques et son jeu taillé pour la terre battue. Grâce à une "extrême rigueur", la 361e mondiale est passée en un an d'une grave blessure à une demi-finale en Grand Chelem.

Dimitar DILKOFF - AFP

Révélation française de Roland-Garros à 22 ans, Loïs Boisson impressionne par sa détermination, ses qualités physiques et son jeu taillé pour la terre battue. Grâce à une "extrême rigueur", la 361e mondiale est passée en un an d'une grave blessure à une demi-finale en Grand Chelem.

Le mot "résilience" tatoué sur le bras droit, elle poursuit son rêve répété et assumé en interview, celui de gagner Roland-Garros. Un rêve rendu soudainement accessible par le parcours sans faute de la Dijonnaise, qui fera une entrée fracassante dans le top 100 la semaine prochaine et deviendra même N.1 française.

La Française Lois Boisson célèbre sa victoire contre Mirra Andreeva en quart de finale de Roland-Garros, sur le sol du court Philippe-Chatrier, le 4 juin 2025.

La Française Lois Boisson célèbre sa victoire contre Mirra Andreeva en quart de finale de Roland-Garros, sur le sol du court Philippe-Chatrier, le 4 juin 2025.

JULIEN DE ROSA - AFP

Une quête pourtant mise à mal en 2024 par une rupture d'un ligament du genou gauche. Au pire moment, juste avant Roland-Garros, où l'ex-152e mondiale (son meilleur classement) avait été invitée après son titre à Saint-Malo sur le circuit secondaire.

"D'un seul coup, tout s'arrête", retrace pour l'AFP son préparateur physique Sébastien Durand. "C'est violent. Il y a un trauma, physique mais aussi mental."

Cette blessure "a été très dure à accepter", comme les neuf mois sans jouer qui ont suivi, avoue l'intéressée, toutefois "bien entourée" par sa famille et son équipe.

- "Extrêmement méticuleuse" -

Le genou touché, cette fan de Rafael Nadal optimise le haut du corps, histoire d'améliorer son point fort, un coup droit lasso dévastateur. Elle travaille aussi sur l'entraînement neuro-visuel avec une spécialiste de cette méthode qui vise à stimuler les capacités neurocognitives.

"Elle a fait une super rééducation", souligne Pauline Parmentier. L'ancienne 40e mondiale, aujourd'hui responsable de la filière féminine à la Fédération française de tennis, connaissait son "potentiel" mais ne s'attendait pas à ce qu'il soit exploité "aussi tôt".

Pour expliquer son retour express, Sébastien Durand met en avant son "extrême rigueur". "Elle est extrêmement méticuleuse, consciencieuse, explique-t-il, rien n'est laissé au hasard."

Hors des courts, elle a construit autour d'elle une structure, avec son entraîneur Florian Reynet, son préparateur physique mais aussi des kinés, une nutritionniste et un posturologue.

- Des entraînements avec Sinner -

Une exigence qu'elle tient, au moins en partie, d'un père basketteur professionnel, Yann Boisson. Et d'un parcours atypique.

Après des débuts à huit ans à Dijon, elle poursuit sa formation à Beaulieu-sur-Mer entre 2014 et 2019. Une vidéo exhumée par l'INA sur les réseaux sociaux la montre à 12 ans en train de s'entraîner avec un dispositif vidéo: "Ça fait comme les pros à la télé", confesse-t-elle alors.

Puis c'est l'expatriation une année en Italie, au Piatti Tennis Center, où elle s'entraînera parfois avec un certain Jannik Sinner, l'actuel N.1 mondial. "Le niveau de jeu qu'elle propose est incroyable. Très constant, très typé terre battue avec son coup droit et beaucoup de lift", a détaillé mercredi l'Italien de 23 ans.

La Française Lois Boisson en quarts de finale de Roland-Garros contre la Russe Mirra Andreeva, N.6 mondiale, le 4 juin 2025 à Paris

La Française Lois Boisson en quarts de finale de Roland-Garros contre la Russe Mirra Andreeva, N.6 mondiale, le 4 juin 2025 à Paris

Dimitar DILKOFF - AFP

En 2020, de retour en France, elle rejoint le Tennis Club La Pape, près de Lyon, où elle mettait "beaucoup d'investissement et de concentration", se rappelle pour l'AFP Régis Roche, directeur sportif du club.

"Elle s'est fait tatouer sur son bras le mot de résilience et je pense que c'est vraiment la qualité qui la définit le mieux", souligne pour sa part Jean-François Hurpy, président du club.

"Elle avait 16, 17 ans et elle passait dans le club house, aussi discrète qu'on la voit là, sur le court, poursuit-il. Et après sur le terrain c'était un entraînement à fond, tout le temps, tout le temps, tout le temps."

- "Un petit sens de l'humour appréciable" -

Boisson, qui navigue entre plusieurs lieux d'entraînement, est licenciée depuis 2023 au Tennis Club Nice Giordan. Bruno Rafaitin, l'un des responsables sportifs, parle d'une "fille très sympa, simple, professionnelle". "Ce qu'elle a fait, c'est stratosphérique, inimaginable. Un truc comme ça, ça arrive une fois tous les vingt ans", ajoute-t-il.

"Quand on la connaît bien, elle a un petit sens de l'humour qui est très appréciable", glisse à l'AFP son agent, l'ancien joueur Jonathan Dasnières de Veigy.

Avant Roland-Garros, quand la Britannique Harriet Dart avait ironisé sur son odeur corporelle en plein match au WTA 250 de Rouen, la Dijonnaise avait répondu avec esprit sur les réseaux sociaux... en proposant une collaboration à une marque de déodorant.

Un partenariat désormais dispensable: la demi-finale de la brune au chignon lui assure un pactole de 690.000 euros, de quoi envisager l'avenir avec plus de confort. Et moins de pression.

"Ça change déjà une vie", estime Parmentier qui, outre l'aspect financier, évoque l'ascendant mental: maintenant, elle sait qu'"elle peut battre des top 10, elle n'a vraiment aucune limite".

Par Olivier LEVRAULT, avec François-Jean TIXIER à Lyon / Paris (AFP) / © 2025 AFP

L'info en continu
08H
07H
06H
00H
23H
22H
21H
20H
Revenir
au direct

À Suivre
/