Championne olympique en ski alpin et en snowboard, Ester Ledecka veut "entrer dans l'histoire" en participant aux JO-2026 dans deux sports différents pour la troisième fois de suite, mais devra vraisemblablement renoncer à la descente, discipline reine du ski, faute de calendrier compatible.
En 2018, la Tchèque de 30 ans avait impressionné en devenant à la fois championne olympique du super-G en ski alpin et du géant parallèle en snowboard, avant de conserver son titre en snowboard lors des JO-2022.
L'année prochaine lors des Jeux de Milan-Cortina (6-24 février), Ledecka pourra participer au super-G et en snowboard, mais devra surement renoncer à la descente, discipline reine du ski alpin dans laquelle elle a été médaillée de bronze mondial en février.
La raison ? Un programme de compétition incompatible, avec la descente prévue à Cortina à 11H30 le 8 février et le géant parallèle en snowboard programmé une heure et demie plus tard à Livigno, à quelque 300 km et cinq heures de route de Cortina.
"Ca m'a fait pleurer un peu", a admis Ledecka lors d'un point presse lundi à Prague. "Mais je pourrai dire que j'ai tout fait pour essayer (de convaincre les organisateurs de changer le programme)."
"Je sais que ce n'est pas facile à organiser, mais je suis la seule athlète qualifiable dans deux sports différents aux JO pour la troisième fois de suite", a souligné Ester Ledecka. "J'espérais qu'ils prennent ça en compte. Mais ils ne l'ont pas fait."
"Il est clair que le Comité international olympique (CIO) ne tient pas tant que ça à ces chouettes histoires", a-t-elle ironisé.
- "Danse de la pluie" -
La Tchèque Ester Ledecka lors des qualifications du slalom parallèle de snowboard aux Jeux olympiques de Pékin le 8 février 2022
Marco BERTORELLO - AFP
La skieuse-snowboardeuse ne jette pas l'éponge pour autant.
"Je m'accroche à toutes les infimes possibilités", a-t-elle souligné. "Pour la première fois de ma vie, j'en viens à espérer qu'il pleuve ou qu'il neige pour la descente."
"On fera une danse de la pluie en espérant que la course soit reportée", a-t-elle ajouté avec un sourire amer.
Le président de la Fédération internationale de ski Johan Eliasch a proposé un transfert en hélicoptère mais l'option semble plus digne d'un film d'action que d'une performance sportive.
"Ca me ferait finir la descente, enlever mes skis, attraper à une main une échelle qui pendrait d'une hélicoptère avec mon snowboard dans l'autre main avant de voler à travers les montagnes. Et ensuite l'hélicoptère me déposerait en haut de la piste, je m'élancerais et je gagnerais la course de snowboard", a-t-elle raconté.
"Idéalement c'est mon plan, mais je ne suis pas sûre que ça fonctionne comme ça."
- "Entrer dans l'histoire" -
La Tchèque Ester Ledecka participe à la descente de ski alpin lors des Jeux olympiques de Pékin le 15 février 2022
Fabrice COFFRINI - AFP
Dans une hypothèse plus réaliste, Ledecka admet qu'elle choisira plutôt le snowboard si elle est contrainte de renoncer à une des deux épreuves.
"Je suis juste triste de ne même pas pouvoir tenter les deux. Je ne sais pas combien de temps encore je vais concourir donc ce sera peut être ma dernière chance de faire les deux sports aux Jeux."
Ledecka devrait quand même prendre le départ d'un entraînement officiel en descente, qui lui permettra de reconnaître le super-G sur lequel elle s'alignera plus tard dans la quinzaine olympique, mais ne devrait pas prendre le départ de la descente.
"Pour moi, c'est beaucoup plus important d'être la seule athlète en lice dans deux sports que de gagner la descente", a-t-elle affirmé. "Je veux entrer dans l'histoire."
Ledecka souligne qu'elle a envoyé plusieurs courriers au CIO et qu'elle a discuté avec des responsables, en proposant par exemple de déplacer à Cortina la piste de snowboard. En vain.
"Peut-être que si j'avais été Italienne, Américaine ou Autrichienne... Mais je suis fière d'être Tchèque", a-t-elle dit.
"Dans tous les cas, l'histoire sera belle si je peux déjà m'aligner dans les deux sports (super-G en ski alpin et snowboard). C'est ok, je vais me battre."
Par Jan FLEMR / Prague (AFP) / © 2025 AFP